Des bottes cirées pour un rendement éclatant (transcription)
Bottes de Brett Romanow
2016
Gracieuseté de Brett Romanow
Le cirage de mes bottes me faisait toujours peur, surtout depuis que je faisais partie de la garde d’honneur du service d’incendie de Calgary. Quand j’étais jeune, je ne faisais pas partie des cadets, des scouts ou d’autres organisations du genre qui exigeaient que les bottes soient parfaites.
Pour moi, le bon cirage des bottes, c’est assez nouveau. Comparativement à certains de mes collègues, surtout les anciens militaires, je ne fais toujours pas un cirage hors pair, mais je commence à mieux me débrouiller à force de m’exercer et à force de patience.
Dès mes débuts en tant que pompier, on m’a dit que des bottes soigneusement cirées étaient un gage de respect et de professionnalisme envers notre carrière, nos collègues et les insignes que nous portons fièrement sur notre uniforme. Au début, je ne comprenais pas vraiment ce que ça voulait dire, parce que j’avais plutôt l’impression que cette tâche fastidieuse servait plutôt à nous punir pour nos mauvais comportements. Cela dit, maintenant, c’est avec satisfaction que je regarde chaque doux cercle de cire noire et matte briller avec le temps. Une bonne boisson ou deux nous aide aussi à adoucir le processus. Je ne comprenais pas au début.
Jusqu’à maintenant, j’ai eu une carrière exemplaire. Dans mon travail où les choses changent souvent, j’ai eu l’occasion d’acquérir beaucoup de nouvelles connaissances et compétences.
Quand je suis au travail, j’ai confiance en moi et en mes compétences, et je ne doute jamais des compétences de la personne assise à côté de moi dans le camion. Bien sûr, il y a eu des anicroches au fil des ans, mais dans la plupart des cas, nos services se déroulent comme prévu. C’est triste, mais ça arrive trop souvent qu’on entende dire que nos amis ou nos collègues sont partis trop vite pendant un appel routinier. Personne ne s’attend à ce qu’un appel routinier tourne mal, sans avertissement. Personne ne va travailler le matin en s’attendant à ce que la toiture du bâtiment qu’on essaie de sauver s’effondre sur sa tête. Personne ne s’attend à ce qu’une voiture dérape sur l’autoroute et se heurte contre sa propre voiture. Personne ne s’attend à ce qu’une personne qui veut se venger d’une autorité commette un crime non provoqué. Personne ne s’attend le matin à voir son mari, sa femme ou ses enfants pour la dernière fois. C’est toutefois la malheureuse réalité à laquelle le personnel d’intervention d’urgence fait face.
Je suis à peu près certain que je ne suis pas la seule personne des services d’urgence à prendre le temps de penser à sa famille, ses amis et ses collègues de travail pendant le cirage des bottes. Parfois, je me surprends à sourire en pensant aux appels qui se sont bien déroulés, mais je sais que n’importe quel de ces appels de routine pourrait se terminer bien différemment, sans avertissement.
Demain, il y aura des centaines de personnes au garde-à-vous en uniforme sur l’avenue Poirier pour rendre hommage à un homme que grand nombre d’entre nous n’aurons jamais rencontré, moi y compris. Et même si la plupart d’entre nous ne vivront jamais de situation semblable à celle du policier Wynn en cette journée fatidique l’an dernier, ensemble, nous avons un respect inégalé pour une personne qui faisait tout simplement son travail pour que tout le reste de la société soit en sécurité.
C’est pour cela que nous cirons nos bottes.