Le chef Dongworth
Chef, selon vous, quelle est la raison d’être de la garde d’honneur?
Pour moi, la garde d’honneur, c’est un ensemble de personnes qui représentent tous les aspects du service d’incendie de Calgary, qu’il s’agisse du chef lors d’événements divers ou des membres de première ligne qui font leur travail au quotidien pour aider les gens tout en mettant régulièrement leur vie en danger. Par conséquent, leur rôle en est vraiment un de représentation.
Pourquoi avez-vous intégré les rangs de la garde d’honneur?
(1:01) C’est une très bonne question. Quelques mois après mon entrée au service d’incendie, en 1992, nous avons perdu Morley James. À ses funérailles, j’ai eu l’occasion de parler avec des membres de la garde d’honneur et parce que j’avais un peu d’expérience dans le domaine des services d’incendie avant de faire partie du service d’incendie de Calgary, ils m’ont encouragé à faire une demande pour la garde d’honneur. C’est donc à ce moment-là que j’ai vraiment pris connaissance de la garde d’honneur. Vers le début de ma carrière, seulement quelques mois après avoir commencé à travailler, donc. C’est comme ça que tout a commencé, j’imagine, et moins d’un an plus tard, je faisais partie de la garde d’honneur.
Comment votre participation à la garde d’honneur vous touche-t-elle?
C’est une très bonne question. En tant que membres de la garde d’honneur, nous vivons toutes sortes d’émotions. Entre autres, il y a le défilé du Stampede. Je me souviens aussi de mon rôle auprès de la garde d’honneur pendant les Jeux mondiaux des policiers et pompiers. La garde d’honneur nous permet de participer à toutes sortes de cérémonies d’ouverture et d’événements intéressants dans le cadre de conférences importantes pour la Ville de Calgary, et ainsi de suite. Et bien sûr, il y a des événements plus sinistres. Les funérailles, les cérémonies de commémoration et autres événements de cette trempe nous font vivre des émotions d’un tout autre genre. Il y a donc la joie que nous ressentons au défilé du Stampede, une expérience que j’ai toujours aimée parce que je me sentais proche des gens pendant cette période joyeuse et importante de la ville, puis les moments plus désespérés de la vie des gens qui ont perdu un être cher. C’est particulièrement éprouvant quand ces pertes ne se produisent pas en fin de vie, mais plutôt à un jeune âge. Il y a toute une gamme d’émotions à vrai dire. Malgré tout cela, j’en retirais probablement de la satisfaction, des événements difficiles jusqu’aux moments les plus heureux. C’est une sensation de satisfaction, dans mon cas à tout le moins, en ce sens que nous faisons une différence.
Pouvez-vous me parler d’une cérémonie ou d’un événement qui a eu un sens particulier à vos yeux?
Oui, j’ai souvent pensé à ça, et je ne crois pas qu’il y ait un événement en particulier. Il ne fait aucun doute que certains des événements des Jeux mondiaux des policiers et pompiers étaient pas mal extraordinaires. Entre autres, je me souviens que nous étions allés à Spruce Meadows. Je pense que c’était pour la cérémonie d’ouverture, mais peut-être pour la cérémonie de clôture, mais je me rappelle que le chef Morris et le chef de police de l’époque, son nom m’échappe, étaient arrivés en hélicoptère de police. Spruce Meadows est un endroit spectaculaire. Tant pour le service d’incendie de Calgary que pour la Ville, c’était un événement mémorable. Quand je m’arrête à y penser, la majorité des événements auxquels j’ai participé pour la garde d’honneur était des funérailles. Les célébrations de la vie, les services commémoratifs, peu importe comment on les appelle, ces services viennent souligner la fin de la vie des gens. Je pense qu’aucun événement ne ressort plus qu’un autre. Ils avaient tous leur propre cachet. Je me suis toujours senti privilégié, et je continue de l’être dans mon nouveau rôle, qui me permet de travailler avec la garde d’honneur à ces mêmes cérémonies. C’est un honneur et un privilège d’en faire partie, de participer aux cérémonies d’adieux d’un membre, souvent d’un membre retraité, pour faire de l’occasion un moment vraiment touchant pour sa famille. Peu de personnes ont l’occasion de faire ça, et d’après les commentaires des familles, on sent que ça leur fait plaisir, car souvent, on reçoit une carte de remerciements pour les efforts de la garde d’honneur, l’administration, les cornemuseurs et tous ceux et celles qui ont joué un rôle dans ces cérémonies. Il est évident que ce que nous faisons est important à leurs yeux. Grand nombre des familles touchées sont simplement ébahies par les efforts que nous déployons dans le cadre de ces services, qu’il s’agisse de la présence du camion de pompier à la tête du cortège, des cornemuseurs, du chef et ainsi de suite. Bien des gens savent que de nos jours, peu d’employeurs se souviennent de leur personnel ainsi une fois parti à la retraite. Ce genre de présence est rare en fin de vie. Donc, nous sommes là au début de la carrière de nos pompiers et à la remise des diplômes. Nous sommes aussi là en fin de vie, si la famille le veut, bien entendu.
Aimeriez-vous ajouter autre chose?
Oui, tout à l’heure, j’ai parlé un peu de la remise des diplômes. Il s’agit d’un autre de ces événements des plus heureux. C’est agréable d’en faire partie. Sur le plan émotif, cet événement nous procure un certain équilibre. Il ne faut pas oublier cependant que, surtout dans nos débuts au sein de la garde d’honneur, c’est énervant… on se demande quels sont les commandements, ce qu’il faut faire. Et bien sûr, nous sommes souvent en formation, ce qui nous permet de nous améliorer au fil des ans. Pour les membres de la garde d’honneur, il y a beaucoup de pression à bien faire les choses devant le public. On n’a pas de deuxième chance, que l’on participe à la cérémonie de remise de la casquette du défunt et du drapeau, ou encore, à la remise des diplômes. On n’a qu’une seule chance, qu’il s’agisse du service commémoratif à la place de l’hommage ou d’un service commémoratif à l’extérieur de la ville. Dans le temps, j’ai eu l’occasion de voyager à Ottawa pour participer au service commémoratif des pompiers canadiens disparus, puis à celui de l’Association internationale des pompiers à Colorado Springs. Encore une fois, c’était tout un privilège. Les mots me manquent pour dire à quel point j’ai été choyé de faire partie de la garde d’honneur. Représenter les hommes et les femmes du service d’incendie de Calgary, et de la Ville de Calgary dans une certaine mesure, c’est tout un honneur et privilège. C’est extraordinaire. De temps en temps, je participe encore à quelques événements quand je le peux. Je suis souvent accaparé par d’autres fonctions et par conséquent, je n’ai pas toujours le temps. Mais quand je le peux, je participe volontiers parce que j’avais vraiment prévu faire partie de la garde d’honneur jusqu’à ma retraite, peut-être même par la suite, et mon objectif n’a pas changé. Je n’ai pas autant de temps qu’avant. Souvent, je suis à la même cérémonie que la garde d’honneur, mais dans un autre rôle. C’est la vie.