Derek Rogers
La raison d’être de la garde d’honneur, c’est de représenter les membres du service d’incendie. Il y a les défilés, les occasions solennelles comme les funérailles, nos services commémoratifs nationaux et internationaux à Ottawa et à Colorado Springs chaque année. C’est un symbole pour le service des pompiers.
Pourquoi avez-vous intégré les rangs de la garde d’honneur?
J’aimais tout simplement la façon dont les membres de la garde d’honneur travaillaient. La première fois que j’ai vu la garde d’honneur, c’était à la remise de mon diplôme en 2004. J’aimais voir comment les gars se tenaient, avec leurs mouvements clairs et impeccables. Ils paraissaient si bien. Je savais à ce moment-là que je voulais en faire partie, mais que je devais posséder plus d’expérience avant de pouvoir faire une demande.
Pouvez-vous me parler d’une cérémonie ou d’un événement qui a eu un sens particulier à vos yeux?
C’est simple : c’est notre cérémonie commémorative internationale qui a lieu tous les ans en septembre à Colorado Springs. La première fois qu’on y assiste, c’est absolument impressionnant de voir un si grand nombre de personnes se rassembler en si peu de temps, pour produire une cérémonie si soignée. C’est comme revoir des membres de la famille, mais on est là pour une raison bien claire, pour aider les familles de pompiers qui sont décédés au travail l’année précédente à vivre leur deuil.
Le tout premier événement auquel j’ai participé avec la garde d’honneur, c’était la cérémonie des gardiens de la paix en 2008, quand j’ai eu mon uniforme. Il faut bien paraître, car à cet événement, il y a d’anciens militaires, dont les exercices et les mouvements sont aussi clairs que lorsqu’ils ont commencé leur service. Les anciens militaires nous disent toujours de ne pas être trop raides, de relaxer un peu, et de mon côté, je me dis que je vais y parvenir, que je vais réussir. À peu près 15 minutes après le début de la cérémonie, j’ai dû m’agenouiller parce que j’étais en train de faiblir. Soit je m’agenouillais, soit je tombais face première dans un des murs du monument. J’en entends toujours encore parler de celle-là.
Pouvez-vous me dire comment votre participation à la garde d’honneur vous a changé?
La garde d’honneur m’a permis de rencontrer beaucoup plus de monde. J’ai eu le privilège d’assister à des événements au nom du service d’incendie, ce qu’un pompier ordinaire en uniforme n’a pas l’occasion de faire. Défiler dans la rue au service commémoratif de notre propre service d’incendie, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais. Surtout la première année qu’on l’a fait, et après ça, on a commencé à ajouter des membres en uniformes ordinaires. Ça m’a appris à mieux gérer mon temps. La garde d’honneur prend beaucoup de notre temps. Il faut prendre ça au sérieux.
Qu’avez-vous ressenti quand vous avez eu la possibilité de joindre la garde d’honneur?
Honnêtement, je ne pensais jamais que ce serait possible. Le groupe est si petit que je ne pensais pas réussir à en faire partie. Quand j’ai su que je répondais à leurs attentes et qu’ils m’ont invité à me joindre à eux, j’étais fou de joie. Mais à ce moment-là, je n’avais pas d’idée de la quantité de travail que ça impliquerait vraiment. En fait, c’est le nombre d’événements auquel on doit assister aussi. Notre groupe a grandi. Je pense qu’en 2008, quand j’ai commencé à faire partie de la garde d’honneur, on était environ une dizaine. Maintenant, avec nos dernières recrues, on compte environ 35 ou 40 membres en uniforme. Au début, on participait à un événement de temps en temps, comme les funérailles d’un pompier retraité. Le service d’incendie s’est mis à embaucher beaucoup, donc il y avait plus de remises de diplômes, puis on a commencé à participer à d’autres sortes d’événements. On est passé d’une quarantaine d’événements par année à plus de 140. Le nombre d’événements pour lesquels notre présence était sollicitée s’est multiplié.
Pour ma prochaine question, je veux savoir si vous vous souvenez d’un événement ou d’une cérémonie commémorative qui a été particulièrement difficile pour vous personnellement.
Ce serait ma première année à Colorado Springs comme membre de la garde d’honneur. Comme le veut la tradition, les membres de la garde d’honneur présentent aux membres de la famille du pompier disparu un drapeau bien plié. Cette année-là, c’est à moi qu’incombait la tâche de le faire, de présenter le drapeau à un membre de la famille. Pour quelqu’un que je n’avais pas connu. Cela faisait un bon bout de temps que ce pompier avait pris sa retraite, avant même que je sois pompier, et je ne m’étais pas rendu compte à quel point ce serait difficile. J’avais essayé de me préparer même si je ne l’avais jamais rencontré. Je ne voulais pas prendre ça trop personnellement, mais en même temps, je ne voulais pas que ce soit trop simple, du genre « merci pour vos années de service ». J’avais essayé de personnaliser mon message, et je pensais y arriver sans trop d’émotions. Malheureusement, ça n’a pas trop bien fonctionné. J’étais là. J’essayais d’être solennel et professionnel. Je devais remettre le drapeau à la veuve du pompier. Malgré mes efforts surhumains, j’ai éclaté en sanglots. À la fin de mon discours, je n’en pouvais plus.
Une dernière question. Quel est l’événement le plus inusité auquel vous avez participé? J’imagine que vous participez à toutes sortes d’événements ou d’activités. Il y a le défilé du Stampede, le service commémoratif au Colorado et bien d’autres. Est-ce qu’un événement ressort en particulier?
Je ne dirais pas qu’il y a un événement qui ressort en particulier, mais c’est plutôt le fait de m’être créé une grande famille en participant à toutes sortes d’événements. Dans chacune des villes, la garde d’honneur constitue des groupes assez petits et bien soudés. Donc en général, ce sont les mêmes personnes qu’on rencontre tout le temps. J’ai le privilège de faire partie de cette merveilleuse et grande famille. Je m’entretiens avec des gens des États-Unis tous les jours : Boston, Chicago, New York, Los Angeles. Je les vois tous les ans. Ce n’est donc pas un événement particulier. Ce sont plutôt les retrouvailles entre amis et membres d’une même famille.