Coopération
… Pas reconstruit exactement de la même façon. On a reconstruit plus solide. L’objectif qu’on s’est fixé, en tenant compte de ce que ça coûtait et des impacts possibles sur la population si jamais ça se reproduisait, on s’est dit : – Ce qui a duré 6 semaines, faut pas que ça dure plus qu’une semaine. La prochaine fois, s’il y en a une, Dieu nous en garde. Mais 1 semaine, bah là ils sont plus résistants qu’ils étaient. Il y a des lignes qui résistaient à 15 mm, qui sont rendues à, je sais pas, 35 mm. Il y a des switch mécaniques sur les fils, c’est-à-dire que les fils, si jamais ils accumulent beaucoup de glace, au lieu d’entrainer le pylône dans leur chute, ils vont simplement dérocher d’après le pylône. Le pylône va être encore construit. C’est bien différent si le pylône reste là intact que si le pylône s’écrase et se tord. Il y a une chose à faire, c’est de demander au bon général de l’enlever du chemin. Ok. Ça va être plus vite la p… Ça serait plus vite la prochaine fois. Au lieu de durer 6 semaines, ça durerait 1 semaine. Mais ça ne veut pas dire qu’il y aurait pas d’impacts. Il ne faut pas souhaiter qu’il y en ait un autre pour s’essayer parce que c’est sûr qu’il y aurait des impacts.
La partie de Hydro a été beaucoup plus facile à cause du climat d’entraide. Beaucoup beaucoup plus facile. Ça c’est sûr sûr sûr. Alors, s’il y a un mot qu’il faut se souvenir durant le verglas, c’est l’entraide. Les Québécois sont capables de s’entraider entre parents, entre voisins et entre amis. Et quand c’est nécessaire, ils ont aucune hésitation. Ça s’est fait partout, simultanément. C’est pas un groupe qui en a stimulé un autre là, ça s’est fait partout, spontanément. Alors c’est vraiment dans nos gènes.
Les apparitions médias, ça c’est la volonté du premier ministre. C’est M. Bouchard qui voulait ça. Ça a commencé le premier jour je pense, quand je suis revenu d’Europe. Non, ce soir-là, il y en a pas eu le lundi, mais mardi déjà c’était comme ça. Il m’a appelé pour me dire qu’il allait faire ça et il souhaitait que je me joigne à lui. Et c’est là que commence l’histoire du col roulé by the way parce que, quand j’étais à Saint-Hyacinthe, moi j’arrivais habillé comme à Paris. Bref, je grelottais. Radio-Canada, ils voulaient absolument faire leur entrevue dehors. C’est correct. Donc là, tu sais, j’étais en chemise avec une veste à peu près comme ça, et il faisait… pas très froid parce que quand il y a un verglas, c’est pas très froid… 1-2 degré, mais il neigeait, il pleuvait, il faisait tous les temps. Donc en tout cas, je grelottais et j’ai dit à Rioux : – Écoute, trouve-moi quelque chose. C’est là qu’on a trouvé… Ce sur quoi il a mis la main, c’est ce fameux chandail. Le lendemain, quand je vais rejoindre le premier ministre pour faire l’émission quotidienne, j’arrive là et le chef du Cabinet, il me dit… J’étais habillé comme d’habitude. Tu sais, à Hydro c’est cravate avec…, pas comme aujourd’hui là, une cravate, dans ce temps-là on portait des cravates. Et là le chef de Cabinet, il m’a dit : – Qu’est-ce que tu fais habillé de même ? – Bah, je suis habillé de même tous les jours. – Non. Vas remettre ton chandail. (Rires) Parce que ça faisait comme l’uniforme ça.
À un moment donné, l’importance du travail à accomplir était tel, on savait que si on voulait rétablir la situation le plus rapidement possible, on n’avait pas suffisamment d’effectifs pour le faire. Alors, c’est pour ça qu’un moment donné, le gouvernement du Québec a fait appel à l’armée pour venir nous aider et aussi, on a fait appel à des équipes de monteurs de ligne du Nouveau-Brunswick, du nord des États-Unis, du nord-est des États-Unis, ainsi que de l’Ontario. Il y a des ententes déjà qui existent entre les services publics, d’électricité entre autres, pour justement donner un coup de main lorsque on fait face à une catastrophe. Les équipes d’Hydro-Québec le font pratiquement chaque année, lorsqu’il y a des ouragans sur la côte est américaine. Ils vont donner un coup de main. Mais là cette fois-ci, c’était à notre tour d’avoir besoin, d’avoir besoin d’eux.
Ce qui m’a marqué, je dirais, c’est, dans un premier temps, c’est la solidarité qui s’est faite spontanément, autant dans la société civile qu’au sein de l’entreprise, et aussi les médias également, assez rapidement, se sont mis en mode service. Alors on s’est retrouvé toute une société à s’entraider, à se faire confiance et à tout faire pour que la situation revienne comme avant le plus rapidement possible. Moi ça m’a beaucoup beaucoup impressionné et les témoignages depuis 20 ans vont tous dans ce sens-là.