Le mouvement coopératif à l’Institut d’action sociale à Ottawa
En 1949, le père Francis Marrocco applique en Ontario le style d’enseignement aux adultes développé par le mouvement d’Antigonish. Après avoir suivi le programme de gestion des coopératives et travaillé en étroite collaboration avec le père Moses Coady à l’Université Saint-François-Xavier, il a pu constater les effets bénéfiques de l’éducation et de la coopération dans les communautés environnantes.
En tant que directeur de l’Institut d’action sociale (lSA) d’Ottawa et enseignant au collège Saint-Patrick, le père Marrocco incorpore à son enseignement les leçons qu’il a apprises. En 1949, il offre un cours du soir de 60 heures intitulé Introduction à l’action sociale. Durant ce cours, il demande à ses élèves de nommer les défis les plus importants auxquels font face les familles leurs communautés. Une majorité d’entre eux répondent : le logement.
Les élèves de la cohorte de 1951 amorcent des recherches sur le logement abordable, et soixante d’entre eux se portent volontaires pour approfondir la démarche pendant l’été 1952. En février 1953, ils publient une collection de 8 livrets : Guide de l’habitation coopérative – Texte de référence à l’intention des constructeurs.
Dans son livre The Light from One Candle (La lumière d’une seule bougie), Rita Marrocco évoque un souvenir que Jim Moorman, un élève de l’ISA, lui a confié : au printemps 1953, raconte-t-il, « Le père Marrocco nous a pris par surprise en déclarant soudain : “Maintenant qu’on a tout ce matériel pédagogique, on va s’en servir – on va bâtir des maisons !” »
Les élèves relèvent le défi et créent la Marrocco Homebuilding Co-operative Society. Ce groupe-pilote forme ensuite des comités de travail et des cercles d’étude. En compagnie de leurs épouses, les membres ont de nombreuses discussions, en particulier au sujet du financement. Chaque membre de la coopérative devra lever des fonds pendant la période d’études et s’investir personnellement.
Leur plan franchit une étape décisive lorsque la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) accepte de considérer leur travail comme un apport de compétences, ce qui leur permettra de financer « à la sueur de leur front » une partie du prêt nécessaire pour tout construire. Le père Marrocco y est pour beaucoup : la SCHL pose bien des questions, et il a réponse à tout.
La construction du projet, appelé Lakeview Terrace, débute en juin 1953. Il est situé face à Ottawa, de l’autre côté de la rivière, à Deschênes, près de Hull (Gatineau, au Québec).
Les élèves du collège Saint-Patrick ont gagné leur pari et prouvé que grâce à l’éducation et à la coopération, il était possible d’améliorer leur vie et celle des autres. Mettant à profit la formule d’apport de compétences, la construction coopérative d’habitations en Ontario démarre pour de bon.
Rita Marrocco discute avec Janet Muise en 2016 (sous-titres FR. et ANGL. disponibles). Regardez la vidéo avec transcription française.