De kiosque en kiosque
Profitant de l’essor de l’automobile, les visiteurs affluent dans la région à compter des années 1950. De nombreux petits hôtels, motels et restaurants apparaissent le long de l’ancienne route 2 (actuelle 138). C’est aussi l’âge d’or des ateliers-boutiques, kiosques d’artisanat et brocantes. Les touristes américains en raffolent.
L’intérêt pour ces kiosques était tel que durant la seconde moitié du 20e siècle, on recensait une vingtaine de boutiques dans le seul village de Grondines. En fait, certains disaient même qu’il y avait un kiosque à presque toutes les portes!
Parmi elles, la modeste boutique tenue par Juliette Tessier (1913-2011), ouverte à la fin des années 1950, aura pignon sur rue pendant près de 50 ans. Celle qui vendait ses tapis tissés multicolores qu’on voyait suspendus sur la galerie, pour attirer l’œil, aura aussi été la dernière à fermer ses portes.
Un peu plus à l’est, sur le Chemin du Roy, Madeleine Sauvageau (1925-2016) réussissait à communiquer avec les touristes anglophones, malgré la barrière de la langue. Il lui suffisait d’un simple coup de fil à une connaissance qui lui servirait d’interprète. Chez Madeleine, on trouvait de tout : confitures, cannages, tapis tissés, sculptures, fourrures, girouettes en fer, cruches antiques, pantoufles, et même des œuvres de sa sœur, l’artiste-peintre Thérèse Sauvageau.
À quelques pas de sa boutique, de l’autre côté de la route, l’artiste populaire Gaston Turcotte (1940-2020) vendait ses sculptures sur bois aux connaisseurs et amateurs de passage. À l’extrémité est du village, Robert Arcand (1939-2016), dit « Bob le légumier », offrait aux passants ses légumes et les bas et mitaines que sa femme tricotait avec la laine de ses moutons.
La construction du dernier tronçon de l’autoroute 40 entre Deschambault et Champlain en 1985 contribuera au déclin de ces boutiques de bord de route, autrefois si prisées. À la fin des années 1990, il ne restera plus que quatre kiosques et atelier-boutique à Grondines. Aujourd’hui, ces kiosques ne sont plus qu’un souvenir.