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Deux figures marquantes

Quelque chose dans l’air ou dans le paysage du littoral grondinois a nourri la sensibilité de deux figures marquantes de la culture au début du 20e siècle. Grondines a vu grandir Rodolphe Mathieu, l’un des compositeurs québécois les plus prometteurs du début du 20e siècle, et Sir Lomer Gouin, premier ministre du Québec et père du soutien de l’État à la musique.

Rodolphe Mathieu, 1890 – 1962

Caricature en noir et blanc de Rodolphe Mathieu.

Caricature de Rodolphe Mathieu par Robert LaPalme (1934).

À la fin du 19e siècle, la province de Québec vit une vague d’émigration sans précédent de la population canadienne-française vers la Nouvelle-Angleterre, particulièrement vers la ville de Lowell, au Massachusetts. En 1892, Octave Mathieu (1849-1925), navigateur et agriculteur du 2 rang de Grondines, et sa conjointe Olivina prennent le train à la gare de Grondines pour  tenter leur chance dans les grandes industries textiles américaines qui engagent déjà des milliers de Canadiens français. La famille Mathieu y restera deux ans et gagnera suffisamment d’argent pour revenir avec les valises pleines et rien de moins qu’un piano-table de 12 pieds!

Photo en noir et blanc de André Mathieu assis au piano avec son père Rodolphe.

Rodolphe Mathieu et son fils André au piano, vers 1935.

 

Ce piano sera un point marquant pour l’un des enfants de la famille, le jeune Rodolphe, alors âgé de quatre ans. Il apprend la musique avec sa sœur aînée Florida et son père, violoneux réputé. En 1906, à peine âgé de 16 ans, le jeune musicien s’installe à Montréal où il approfondit ses connaissances de manière autodidacte et auprès de professeurs privés. En 1920, celui qui a tout le potentiel pour devenir un grand compositeur part se perfectionner à Paris. Il sera d’ailleurs le premier compositeur à obtenir une bourse d’Europe en 1923[1].

La campagne grondinoise aura une influence marquante dans la création de Mathieu. La valeur patrimoniale des paysages était à ses yeux essentielle à l’émergence d’une musique « qui nous distingue ». Qualifié de « compositeur le plus cultivé, le plus original que nous possédions » en 1920 par le compositeur et organiste Henri Gagnon, il mettra sa carrière en sourdine pour s’occuper de celle de son fils prodige, le pianiste André Mathieu (1929-1968).

Sir Lomer Gouin (1861-1929)

Photo en noir et blanc de Lomer Gouin tenant son chapeau.

Lomer Gouin, vers 1900.

Le 23 mars 1905, Lomer Gouin est élu premier ministre du Québec, poste qu’il occupera jusqu’en 1920. Natif de Grondines où il revient souvent, Gouin laissera lui aussi sa trace dans le paysage culturel du Québec. En 1911, il fait adopter  la Loi pour favoriser le développement de l’art musical, loi qui conduit à la création du Prix d’Europe. Ce faisant, Lomer Gouin est le premier à inscrire la musique comme préoccupation dans les actions gouvernementales du Québec.

En 1920, le gouvernement Gouin créera les bourses d’Europe pour soutenir les artistes et les jeunes diplômés qui poursuivent leur perfectionnement en Europe ou aux États-Unis.