Magasins généraux et épiceries
Les magasins généraux ont été de véritables lieux d’échange dans nos villages. Si peu subsistent encore, ayant laissé la place aux magasins spécialisés et aux dépanneurs du coin, à une autre époque ils étaient essentiels pour les achats de base.
À Grondines, à l’exception des rangs, chaque bout du village avait le sien. On peut supposer que la compétition était féroce, puisque quatre magasins généraux et épiceries se sont disputés la clientèle à une époque. Jusqu’au milieu du 20e siècle, c’était l’âge d’or de l’épicerie à échelle humaine. On y venait pour acheter, se rencontrer, discuter et, parfois, se disputer.
Répondre à tous les besoins
Petit à petit, chacun a développé sa petite spécialité et sa clientèle. Le commerce de M. Rosario Houde, en haut de la côte, était la définition même d’un magasin général. On y trouvait les produits alimentaires de base… et tout le reste, de la pelle au marteau. Il était de loin, le plus gros magasin de Grondines.
À quelques pas de là, le modeste magasin J.E. Blais offrait lui aussi les produits de base. M. Robert Mayrand, plus éloigné, tenait une petite épicerie dans le faubourg où on trouvait également un comptoir de quincaillerie. Le magasin de M. Roland Sauvageau, lui, occupait un emplacement de choix à côté de l’église. Il a logé la caisse populaire jusqu’à la fin des années 1960. Quiconque devait aller à la caisse passait donc par son magasin. Astucieux!
Arrivé en 1945 à l’âge de 24 ans, Isidore Arcand, lui, rêvait d’ouvrir à Grondines la plus grosse des petites épiceries. Pendant 40 ans, il allait être le seul boucher du village, si l’on exclut la brève présence de Jean-Guy Devault qui se risqua à lui faire compétition en 1970 avec l’achat du magasin Blais.
Pour se démarquer, Roland Sauvageau, à côté de l’église, et Isidore Arcand, un peu à l’ouest de l’école, ajouteront même la livraison à leur offre de services. Le fils de ce dernier, Serge, enfourchait son vélo muni d’un grand panier sur le devant pour faire la livraison aux clients, comme en ville.
L’arrivée des grandes surfaces a fait mal aux petites épiceries de village, mais surtout à leur épicier. Un à un, ceux-ci se sont rangés derrière l’attrait d’un plus gros et d’un ailleurs.