Résumé historique
Grondines voit le jour en 1637. Sa création s’inscrit dans la longue marche du peuplement de la région de Québec, berceau de la civilisation canadienne française, à celle de Montréal, du début du Régime français jusqu’au 19e siècle. Située en bordure du fleuve Saint-Laurent, la localité tire son nom du bruit des vagues qui se brisent sur les gros cailloux des battures par grand vent.
La seigneurie accueille ses premiers habitants dans les années 1670, des migrants de différentes provinces de la France, principalement de celles du nord-est. Parmi eux, on trouve près d’une dizaine d’orphelines de l’Hôpital général de Paris appelées « filles du Roi ». Avec le temps, la provenance des nouveaux habitants est plus diversifiée : des environs de Québec et des seigneuries voisines (Portneuf, Batiscan, Sainte-Anne-de-la-Pérade, etc.). D’une cinquantaine de personnes en 1681, la population se multiplie par quatre en moins d’un siècle (254 habitants en 1765), puis franchit le cap du millier dans le premier quart du 19e siècle. Elle atteint un sommet en 1881 avec 1707 habitants.
Dotée de bonnes terres dans sa partie sud, Grondines est une paroisse agricole aux 18e et 19e siècles. Comme ailleurs dans la vallée laurentienne, ses habitants y cultivent surtout du blé à l’époque de la Nouvelle-France, et de plus en plus d’avoine destinée à un cheptel qui dépasse déjà les cinq cents têtes de bétail dans les années 1730. Au 19e siècle, l’avoine et le foin, les deux grandes productions commerciales de l’époque, y sont à l’honneur, et on y récolte de bonnes quantités de pommes de terre. À la fin de ce même siècle, Grondines devient le principal lieu de la production fruitière dans le comté de Portneuf.
Mais l’agriculture n’est pas la seule activité à rythmer la vie à Grondines au 19e siècle. Il faut également prendre en compte celles reliées à l’eau. En effet, d’une dizaine dans la première moitié du siècle, le nombre de navigants grimpe à 132 en 1871. Cette année-là un chef de famille sur cinq est un navigateur. Tous ces hommes s’activent sur une quarantaine de barges qui transportent des produits agricoles, de la pierre calcaire taillée de Saint-Marc-des-Carrières, de la pierre à chaux de Grondines et du bois de chauffage du comté de Portneuf, un des plus gros producteurs de cette dernière ressource au Québec à l’époque. Au lendemain de la Confédération, Grondines abrite 37 % des navigants et les deux tiers des barges du comté de Portneuf. Sur le plan industriel, un des premiers moulins à vent du Québec est érigé à Grondines en 1674. L’armature industrielle s’étoffe au fil des décennies avec l’ajout de moulins à farine et à carder, de scieries (jusqu‘à 10 en 1831) actionnés par la force hydraulique, de boutiques d’artisan (forgeron, charron, menuisier, cordonnier) et de chantiers de construction de barges qui donnent du travail à une vingtaine d’hommes en 1871, ce qui témoigne une fois de plus du rôle de premier de la navigation dans la paroisse.
Au 20e siècle, Grondines demeure pour l’essentiel une paroisse agricole. Et comme au siècle précédent, le transport continue à y jouer un rôle central avec, notamment, la création de l’entreprise de la famille Guilbault en 1929 qui devient un chef de file du secteur du camionnage au Québec et un des plus gros employeurs du village.
Texte: Jocelyn Morneau, historien