Seigneurie des Grondines, paroisse Saint-Charles-des-Roches
Lorsqu’il navigue à la hauteur de Grondines, Champlain observe un territoire qui lui semble inhabité. Sur la carte qu’il réalise en 1632, l’explorateur note que les Grondines « et quelques isles qui sont proches » apparaissent comme un « bon lieu de chasse et de pêche ». Les pointes de Grondines sont en effet riches d’une faune qui fera encore le bonheur des chasseurs quelques siècles plus tard.
Ces basses-terres de roches qui semblent gronder lorsque la marée haute s’y cogne sont concédées quelques années plus tard, en 1637, à Marie-Madeleine de Vignerot, duchesse d’Aiguillon, en faveur des Religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec.
Une lente colonisation
Les religieuses ne se rendront jamais aux Grondines[1], mais Jean Talon leur concède tout de même de nouvelles terres plus à l’est en 1672. Ces terres rejoignent la seigneurie de La Chevrotière et sont au nom des Pauvres de l’Hôtel-Dieu de Québec[2].
La colonisation se fait lente, mais les religieuses persévèrent et entreprennent de construire un moulin banal pour répondre aux besoins de la population. Pour ce faire, elles retiennent en 1674 les services de Pierre Mercereau, qu’on dit être le meilleur pour ériger des moulins à vent.
Le 20 mars 1693, la seigneurie est vendue à Jacques Aubert, résidant de la paroisse. L’année suivante, ce dernier en vend déjà la moitié à son gendre Louis Hamelin. Cette portion deviendra Grondines-Est. Après quelques litiges de succession[3], alors qu’il prend à Aubert l’idée de retourner en France, la partie ouest est partagée entre ses gendres Louis et François Hamelin, désormais coseigneurs, et Roc Ripeau dit Rollet[4] qui reste humblement à l’écart.
Une seigneurie aux mains des hommes d’affaires
Après le décès du seigneur Aubert, la concession reste aux mains des Hamelin[5] jusqu’à ce que ceux-ci la vendent à l’homme d’affaires d’origine écossaise Mathew MacNider, le 2 juillet 1792. Puis, les ventes se succèdent d’un homme d’affaires à l’autre. Le 10 septembre 1806, Moses Hart en fait l’acquisition et la revend le 26 février 1810 à Pierre Charay qui, à son tour, la vend à Peter Burnet le 8 juillet 1831. Malgré l’abolition du régime seigneurial en 1854, Burnet vend la seigneurie des Grondines au sénateur David Edward Price le 21 décembre 1871. À son décès en 1883, la seigneurie est léguée à son frère Evan John Price, qui la transmet à son neveu William Price en 1895[6].
Dès lors que MacNider en deviendra propriétaire, la seigneurie ne sera plus transmise de génération en génération, mais vendue d’hommes d’affaires en hommes d’affaires qui voyaient dans le nord de celle-ci, aujourd’hui Saint-Casimir et Saint-Ubalde, une forêt aux grandes possibilités entrepreneuriales.