Les dames de la Fabrique de Chocolat Adler
Parmi les « Nouvelles industries » lancées par Joey Smallwood, ce dernier avait convaincu Adolf Adler, un chocolatier anglais, de fermer sa fabrique en Angleterre et de déménager à Bay Roberts. Suite à la confédération avec le Canada en 1949, Smallwood avait pour slogan « Se développer ou périr ». Il poussa le développement économique dans la province en implantant de nouvelles infrastructures industrielles. Celles-ci étaient très variées, allant d’une fabrique de ciment sur la côte ouest à l’usine de tricot de Brigus.
Le 21 avril 1955, le Premier ministre Joey Smallwood annonça l’installation de la fabrique de chocolat Adler à Bay Roberts avec l’aide d’un prêt gouvernemental de 500 000 $. En juin 1955, le Daily News expliquait:
Il paraît qu’environ 100 personnes seront employées à la fabrique. Environ 73 d’entre elles seront des femmes, qui produiront la charmante ligne de chocolats, bonbons au sucre, noix couvertes de chocolat et biscuits en barre Rhapsody, ainsi que toutes les autres lignes de chocolat qu’Adler produisait auparavant dans sa fabrique de Nile Street, à Londres.
À la fin février 1956, la première production commerciale de tablettes de chocolat était lancée et, en avril, la fabrique employait environ 30 personnes, principalement des femmes. Le Newfoundland Journal of Commerce écrivit une critique élogieuse de la fabrique en 1958, en remarquant :
La fabrique est immaculée comme devrait l’être une fabrique alimentaire. C’est sans aucun doute un exemple éclairant de la propreté que peut revêtir un commerce produisant de la nourriture. La fabrique est conçue pour produire plus que ce qu’elle produit actuellement. Elle est capable de fabriquer des tonnes de chocolats et de bonbons chaque semaine. Tous les ingrédients sont mélangés mécaniquement de telle manière que la main humaine n’est à aucun moment en contact avec le produit. Les ouvrières portent toutes des blouses et ont les mains et la tête couvertes.
Un article titré « Nouvelles industries à Conception Bay », publié en mars 1957 dans The Newfoundland Quarterly souligne :
Des visiteurs venus du continent ont récemment déclaré avoir été séduits par les tablettes de chocolat Adler ; ils en ont rapportées à leurs familles. Un visiteur, selon le Sunday Herald, a précisé que « le chocolat de la barre Adler à dix centimes était meilleur que tout ce qu’il avait goûté jusque-là, dont le chocolat suisse », qui est supposé être le meilleur du monde. Ce sont de grands éloges pour un produit manufacturé localement, et il semble qu’Adler commence bien.
Connue pour sa production de chocolat, la fabrique produisait aussi des bonbons et envisagea la construction d’une usine de croustilles adjacente à la fabrique de chocolat. Malgré les déclarations d’augmentation des ventes de chocolat, le futur ne paraissait pas si rose pour l’entreprise. Des problèmes de marché combinés à la destruction du toit de la fabrique par une violente tempête menèrent à sa fermeture au début des années 1960. L’entreprise devait 891 875,72 $ d’emprunts garantis par le gouvernement.
Après la fermeture de l’usine de chocolat, le gouvernement tenta de vendre le bâtiment. Plusieurs compagnies et entreprises envisagèrent d’acheter cet édifice, dont un fabricant de bonbons et biscuits, un producteur de mélanges à gâteau et de garnitures pour les tartes, et une école. Malheureusement, le bâtiment prit feu le 10 juillet 1969 avant d’être vendu et l’assurance versa un remboursement en 1970.
Bien que la fabrique de chocolat n’ait pas été un commerce durable à Bay Roberts, les souvenirs du chocolat demeurent. Irene Mercer travailla à la fabrique de chocolat entre 1956 et 1957 alors qu’elle avait seize ans. Elle se rappelle venir au travail à bicyclette de Mercer’s Cove avec les autres filles qui travaillaient dans l’usine.
Margaret Sparks quitta l’école secondaire pour travailler à la fabrique de chocolat Adler en 1958, à l’âge de quinze ans. Margaret s’assurait de toujours avoir dans les poches quelques morceaux de chocolat à rapporter chez elle le soir. Sa douceur préférée était la barre « Nut King ».
À l’emplacement de la fabrique de chocolat s’étend désormais un terrain de base-ball tout neuf, mais les histoires de la fabrique de chocolat de Bay Roberts restent. Hommage est rendu à A. Adler par la Place Adler, un petit cul-de-sac où s’élevait autrefois l’usine.