Tout le monde à bord au dépôt ferroviaire de Bay Roberts
En 1898, une branche de la ligne de chemin de fer fut construite entre Brigus Junction et Tilton via Brigus, Clarke’s Beach, Bay Roberts et Spaniard’s Bay. Le chemin de fer permit le transport de marchandises et de passagers à travers toute la province, et la population de la région augmenta en conséquence.
Une gare en bois à deux étages, appelée plus à propos « dépôt combiné », fut construite par la compagnie Reid Newfoundland entre 1904 et 1908. Elle disposait d’aménagements pour les passagers, les bagages, les marchandises ainsi que d’un bureau d’agent de chemin de fer au rez-de-chaussée. Une fenêtre en saillie donnait sur les rails et, sur la façade opposée, un porche fermé donnait accès au comptoir des billets, à l’intérieur.
L’ingénieur du gouvernement, M. Burchell, donna son accord au plan de la gare, mais suggéra « que l’entrée de la salle d’attente des dames ne soit pas placée à l’intérieur de celle des hommes mais qu’on construise une entrée séparée afin que les dames n’aient pas à entrer dans la salle d’attente des hommes ». Ces deux entrées sont encore visibles aujourd’hui.
Un agent de chemin de fer vivait à l’étage avec sa famille. L’un des premiers chefs de gare fut George Abbott, qui travailla au dépôt de 1908 à 1921. Sa femme Emily mit au monde six enfants dans l’appartement du haut. Le 5 avril 1914, alors que les corps des hommes morts sur la glace durant la tragédie de la chasse au phoque du SS Newfoundland arrivaient à la gare, Gwen Abbott naissait à l’étage. Tant la mort que la vie visitèrent le dépôt le même jour. Un autre enfant, Walter, devint plus tard chef de gare ici, de 1956 à 1968.
Le travail à la gare ne se faisait pas sans drames. Considérez le cas de M. Alexander Bishop, un bagagiste de la compagnie Reid. En avril 2016, un train était arrivé à la gare qui devait être attelé à un wagon de marchandises. Le St. John’s Daily Star écrivit :
… c’est en faisant cela que M. Bishop fut blessé. Il était occupé à attacher les attelages quand son poignet droit se coinça entre les coupleurs et fut sévèrement écrasé. Il eut des douleurs intenses qui furent un peu allégées par le Dr Pritchard, qui avait été appelé et l’avait traité. Le blessé fut mis dans le train et installé aussi confortablement que possible puis, à l’arrivée en ville, il fut conduit au General Hospital. Son poignet est sévèrement écrasé et contusionné, mais on espère pouvoir sauver sa main et éviter l’amputation.
Aujourd’hui, la gare est un symbole des échanges et du commerce dans la région. Il s’agit d’un exemple rare de bâtiment ferroviaire dans une province où le chemin de fer n’existe plus et où ce type de bâtiments ont pour la plupart disparu.