1681 – Ma cabane au Canada
De l’île du Large, on peut voir les deux seigneuries de la rivière Sainte-Anne s’étirer le long du fleuve Saint-Laurent. À l’ouest, la seigneurie Sainte-Marie rejoint presque l’embouchure de la rivière Batiscan, comprise dans les limites de la seigneurie des Pères Jésuites. À l’est, la seigneurie de Sainte-Anne embrasse quelques-unes des baies qui précèdent la Grande Pointe des Grondines, incluse dans la seigneurie des religieuses Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec.
Contrairement à la seigneurie Sainte-Marie, où toutes les terres concédées par Jean Lemoyne s’étirent de manière perpendiculaire à la rivière Sainte-Anne, la côte du fleuve Saint-Laurent est bordée par plusieurs concessions dans la seigneurie de Sainte-Anne. La dernière terre concédée à l’est appartient à Mathurin Gouin. Malheureusement, il sera difficile de la visiter aujourd’hui. La marée monte et il souffle un fort vent du nordet. Allons plutôt nous reposer chez moi.
Échanges de bons services
Allons d’abord à l’île Saint-Ignace. À mon arrivée à la rivière Sainte-Anne, c’est là que résidait Jean Ricard, le seul colon jusque-là établi dans la seigneurie de Michel Gamelain. Sa maison n’était toutefois pas le seul bâtiment érigé sur cette île. Le premier seigneur de Sainte-Anne, qui habitait au Cap de la Madeleine, y avait également fait bâtir une cabane. Lui et ses hommes y commerçaient entre autres avec des Algonquins qui les fournissaient en fourrures et en viande.
Menées à l’écart de Trois-Rivières, les activités de traite de Michel Gamelain à la rivière Sainte-Anne ne sont toutefois pas passées inaperçues. L’année précédant mon arrivée, elles ont même attiré l’attention du Conseil Souverain. Au terme de son enquête, le plus haut tribunal de la colonie l’a condamné à payer une amende de 200 livres pour avoir échangé de l’eau-de-vie à des membres des Premières Nations. Maître-chirurgien, il avait la réputation de fabriquer lui-même son alcool.