1681 – Nourrir notre monde
Descendons le chenal Saint-Ignace jusqu’au fleuve Saint-Laurent. Des deux côtés de la rivière Sainte-Anne, une grande portion des terres qui longent le fleuve sert à nourrir les animaux. En plus de quelques cochons et de volailles, presque chaque famille possède de 2 à 5 bêtes à cornes : bœuf, vache, taureau, génisse… Mathurin Gouin se démarque nettement avec sa douzaine de bestiaux. Mais les plus grands troupeaux restent la propriété des seigneurs.
Propriétaire d’une vingtaine de bêtes à cornes, le sieur Lemoyne a engagé en 1675 un habitant de Batiscan pour les faire paître avec celles des habitants de Sainte-Marie. Il m’avait alors fait spécifier que les dégâts causés par les cochons seraient assumés par leurs propriétaires. L’année suivante, les habitants de la seigneurie de Sainte-Anne ont confié leur commune à Vincent Ballé, qui avait accepté le poste contre 50 sous par bête et un pain par maison.
Un moulin peu banal
Parlant de pain, traversons à l’île du Large et allons voir le moulin à vent que les sieurs de Suève et de Lanouguère ont fait construire il y a environ cinq ans. Il a été bâti par Pierre Mercereau, un charpentier de Champlain, sur le modèle du moulin de Grondines, pour la somme de 900 livres. Il s’agit d’un grand investissement pour les seigneurs, mais aussi d’une source supplémentaire de revenus puisque les censitaires doivent y faire moudre leurs grains.
Les contraintes sont par contre moins grandes pour la chasse et la pêche. Nous possédons presque tous un fusil et profitons des largesses de la nature. Chaque printemps, nous attendons d’ailleurs avec impatience l’arrivée des nuées de tourtes. En raison des nombreux jours maigres qui ponctuent notre calendrier, on se régale aussi de morue séchée ou d’anguille fumée pêchées dans le fleuve et les rivières de la région.