1681 – Sur les bords de la rivière Sainte-Anne
Mon nom est Michel Roy dit Châtellerault. Je vous présente mon épouse, Françoise Hobbé, et nos quatre enfants : Catherine, Edmond, Michel et Pierre. J’ai quitté la France à l’âge de 21 ans comme soldat du régiment de Carignan-Salières. Après la ratification de la paix avec les Iroquois, en juillet 1667, j’ai imité plusieurs de mes compagnons d’armes en choisissant de m’établir dans la colonie.
Françoise, quant à elle, a traversé l’Atlantique à l’âge de 29 ans dans l’espoir de trouver un mari en Nouvelle-France. Elle est arrivée à Québec en juillet 1668 et notre mariage a été célébré en octobre à l’église Notre-Dame. À peine un mois plus tard, Michel Gamelain m’a concédé une terre dans sa seigneurie de la rivière Sainte-Anne. J’y exerce depuis ce temps la fonction de notaire seigneurial.
Une rivière, trois seigneuries
L’embouchure de la rivière Sainte-Anne est bordée par deux seigneuries qu’habite une centaine de personnes. Du côté est, nous sommes une quinzaine de familles installées dans la seigneurie de Sainte-Anne. Nos enfants, âgés pour la plupart de moins de 15 ans, forment plus de la moitié de la population. Aucune femme de la seigneurie n’a plus de 50 ans et le doyen, Pierre Pinot, vient tout juste de franchir le cap de la soixantaine.
Sur la rive ouest, la seigneurie Sainte-Marie compte une vingtaine d’habitants. Au nord de celle-ci se trouve un fief concédé en 1672 à Louis de Niort, Sieur de La Nauraye, mon ancien capitaine dans le régiment de Carignan-Salières. Presque dix années se sont écoulées et je pense qu’il n’y a jamais posé le pied. Chose certaine, il n’y a concédé aucune terre. Assez parlé! Embarquons dans mon canot, je vous ferai visiter les lieux.
Regardez attentivement les cartes topographiques qui jalonnent notre parcours, elles vous permettront de bien vous situer dans l’espace en vous indiquant les chemins que nous emprunterons.