Dramatisation de Lillian Miner alias Queen Lill sur son bordel
Crédit : dramatisation réalisée par le Musée des communications et d’histoire de Sutton dans le cadre d’une exposition sur la prohibition présentée à l’été 2013. Comédienne : Laura Teasdale.
Mon nom, Mon vrai nom est Lillian Miner mais les gens d’ici me connaissent sous le nom de Queen Lili parce que c’est mon hôtel frontalier, ma maison sur la ligne comme ils l’appellent. Il est juste à la frontière et il porte le beau nom de PALACE OF SIN ou palais des péchés en canadien français.
Oui, c’est vrai, j’ai beaucoup de clients masculins fidèles qui viennent profiter de mon établissement d’amour et la moitié est au Canada et l’autre moitié aux États-Unis. La ligne Boston-Montréal s’arrête ici et, par chance, le chemin de fer du Canadien Pacifique s’arrête juste devant ma porte, ce qui nous permet d’offrir des rafraîchissements et autres activités aux messieurs sur la frontière internationale.
Même si j’ai d’abord fait mes affaires à Boston, je connaissais bien la région car je suis née à Stevens Mills, près de Richford Abercorn. Pour survivre, j’ai dû faire comme beaucoup d’Américaines sans le sou à l’époque. Je vendais mon corps dans les hôtels de luxe.
Les autres filles et moi avons travaillé dans un fabuleux bordel, le Faneuil Hall, à Boston, et j’ai gravi les échelons jusqu’à devenir madame, puis en 1919, le coup de chance de la prohibition. Vous voyez, je suis en règle ici et je peux servir des boissons alcoolisées à mes amis américains du côté canadien, et je propose des chambres luxueuses pour une ou deux personnes, selon la demande. Mes filles sont de bonnes professionnelles américaines. En 1925, des agents frontaliers des deux côtés ont fait une descente chez moi à trois heures du matin. Quelle surprise pour moi et cinq de mes clients, deux couples adultères et un mineur américain nu buvant une bière du côté américain.