Sutton, terre d’accueil
Plus de vingt ans après les attentats du 11 septembre, les résidents de Sutton et d’Abercorn n’ont pas retrouvé cette frontière amicale qui pendant 200 ans a soudé les relations entre leurs communautés et celles du nord du Vermont.
La frontière est toujours sous haute surveillance; des drones survolent les zones voisines des lignes, des gardes armés patrouillent; il faut montrer son passeport pour traverser et lors de la pandémie de COVID 19 il fallait aussi une preuve de vaccination.
Encore aujourd’hui, les taxes étant moins élevées du côté américain sur plusieurs produits dont l’essence, l’alcool, les cigarettes, la tentation de s’approvisionner à Richford reste vive. Toutefois, les gens achètent davantage en ligne et font livrer à une adresse de Richford, nous dit Denise Potvin :
«On va les chercher au Pinnacle Parcels, à Richford. Tu commandes quelque chose et tu vas le chercher là. C’est un magasin, fait exprès pour recevoir les paquets que les Québécois commandent et on traverse la frontière avec, légalement maintenant.»
La chasse aux terroristes, le trafic d’armes et de drogues dures sont les principales préoccupations des gardiens de la frontière en ce début de 21e siècle.
Sutton étant loin des grands centres, rares sont les demandeurs du statut de réfugié qui se présentent aux postes de douane d’East Richford, d’Abercorn ou d’East Pinnacle.
Mais, la période actuelle est riche en bouleversements et, de tout temps, les pays riches et jugés sûrs attirent les populations qui fuient les dictatures et la misère. L’histoire frontalière du canton de Sutton nous a rappelé que des esclaves et des conscrits en fuite ont trouvé refuge chez nous.
Au fil du temps, Sutton a accueilli des gens de diverses origines ethniques et cultures. Fidèle à cette tradition d’accueil et de métissage, la communauté suttonnaise demeure ouverte, prête à partager sa quiétude et ses paysages grandioses. L’histoire récente ne doit pas faire oublier que la frontière demeure pour certains le chemin de la liberté.