Une frontière symbolique
Malgré la frontière, les échanges commerciaux sont nombreux entre le Vermont et le Bas-Canada, le nom que l’Acte constitutionnel de 1791 a donné au Québec; les deux économies sont étroitement liées, notamment dans les secteurs de la potasse, du bois et du bétail.
D’ailleurs, chaque fois que l’on tente d’interdire ou de limiter les échanges avec le Canada, les Vermontois se mettent en colère. On les comprend : le Canada est leur principal, sinon leur seul marché.
Un exemple parmi d’autres. En 1808, le président américain Jefferson décrète un embargo sur les exportations vers les territoires britanniques, dont le Bas-Canada; au Vermont, cette politique est décriée sur tous les tons, y compris celui de la satire comme le montre ce texte paru dans le Vermont Sentinel en 1808.
Supposons maintenant qu’un homme amène un troupeau de porcs près de la frontière des États-Unis, mais sans la franchir et, qu’un Canadien apparaisse accidentellement juste à l’intérieur de la frontière de cette colonie britannique, avec un panier de maïs à la main, qu’il crie cochon-cochon-cochon et que tout le troupeau traverse la frontière vers le Canada (…). Qui doit être puni, le fermier (…), le porc (…) ou le Canadien ?
En 1812, l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique se déclarent la guerre. Des combats acharnés ont lieu plus à l’ouest, notamment à Châteauguay.
Néanmoins, la frontière demeure ouverte entre le canton de Sutton et le Vermont; c’est du moins ce que laisse croire le journal de Mary Frary, une jeune fille de Sutton âgée de 21 ans. Le 15 juin 1812, elle y note l’entrée en guerre des deux pays et dit craindre les effets néfastes du conflit. Mais, dans les semaines qui suivent, elle raconte plusieurs allers et retours où elle passe la frontière sans aucun problème comme en ce 20 août 1812.