Nouvelles racines et tensions croissantes
Au début des années 1980, les frères Daniel et Henry Hung, qui ont grandi à Agincourt, ont acheté un terrain sur la promenade Glen Watford. Ils ont transformé une patinoire et un terrain de baseball en centre commercial appelé le Dragon Centre, le premier centre commercial intérieur chinois en Amérique du Nord, destiné à la population chinoise croissante. Ce centre commercial était unique en son genre : il mêlait les marchés bondés de Hong Kong aux centres commerciaux d’Amérique du Nord, influençant ainsi la conception des centres commerciaux ethniques dans la région du Grand Toronto.
La croissance des entreprises chinoises a entraîné une augmentation des tensions dans le quartier. Les routes étroites et le manque de places de stationnement, par exemple, ont rendu les quartiers très fréquentés et difficiles à traverser. Certains résidents et commerçants non asiatiques ont commencé à se plaindre lors des réunions de quartier, accusant les nouvelles entreprises chinoises de perturber leur quartier autrefois tranquille.
Après la construction du Dragon Centre, qui a commencé à attirer davantage de clients dans le quartier, les voitures ont débordé dans les rues, ce qui a amené les habitants du quartier à se disputer les places de stationnement. Ces disputes ne portaient pas uniquement sur les places de stationnement, mais plutôt sur le racisme et l’intolérance à l’égard de la communauté chinoise et de ses entreprises. Howard Tam, un urbaniste qui a grandi à Agincourt, se souvient de la haine raciste qui régnait à l’époque.
Quand j’étais enfant, j’ai assisté à certaines de ces réunions avec ma mère et je me souviens que de nombreuses personnes prenaient le micro et disaient des choses vraiment ignobles comme « Apprenez l’anglais, nous sommes au Canada » ou « Nous ne voulons pas de Hong Kong ici », et d’autres attaques contre la communauté chinoise.
– Howard Tam, urbaniste et résident d’Agincourt
La même année, une réunion communautaire a été organisée pour discuter du problème de circulation causé par le Dragon Centre. Cependant, cette réunion s’est transformée en un espace où les gens ont exprimé leur haine à l’égard de la communauté chinoise au lieu de résoudre les problèmes de circulation. Pire encore, des brochures racistes ont été diffusées dans tout le quartier, accusant la communauté chinoise d’être responsable du bruit et de la circulation. Pour lutter contre le racisme, de nombreuses personnes ont écrit des lettres aux journaux, défendant la communauté chinoise et affirmant qu’elle n’était pas responsable des problèmes de circulation.