Un passé tendu
Avant les années 1960, la plupart des immigrants qui s’installaient au Canada venaient de l’Europe. Les règles d’immigration de l’époque étaient défavorables aux immigrants non européens et les empêchaient d’arriver en raison de leur race ou de leur origine. À l’époque, les immigrants chinois faisaient l’objet d’une discrimination extrême en raison de politiques injustes telles que la taxe d’entrée pour les Chinois, les taxes d’atterrissage et d’autres accords restrictifs. Par exemple, la loi sur l’immigration chinoise de 1923 a bloqué la quasi-totalité de l’immigration chinoise pendant 24 ans, ce qui montre à quel point les règles d’immigration étaient extrêmes à l’époque.
Le sentiment anti-chinois a commencé lorsque les immigrants chinois sont arrivés pour la première fois lors de la ruée vers l’or en 1858. Plus tard, un grand nombre de travailleurs chinois sont arrivés, qui ont joué un rôle très important dans la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique. Malgré l’importance de leur contribution au projet, ces travailleurs chinois ont été exclus de la société canadienne, ce qui les a poussés à chercher d’autres moyens de créer leur propre communauté. C’est ainsi que sont nés les quartiers chinois, des enclaves ethniques permettant aux immigrants chinois de se protéger et de se soutenir mutuellement, ainsi que de préserver leurs identités culturelles.
Les quartiers chinois du Canada sont depuis longtemps confrontés à l’exclusion raciale et à la discrimination, mais ils ont persévéré dans les moments difficiles. Ces quartiers étaient des lieux où les immigrants chinois se réunissaient pour construire une communauté et accroître leur richesse. La ville a tenté d’empêcher les quartiers chinois de se développer, les urbanistes et certains résidents locaux ont qualifié ces zones de bidonvilles ou de ghettos.
Par exemple, en 1902, un groupe d’hommes d’affaires blancs, connu sous le nom de la Laundry Association of Toronto, ont fait pression sur la ville pour que les propriétaires chinois paient une redevance importante afin de pouvoir opérer leurs buanderies. Cette tactique a réussi et la taxation des buanderies chinoises s’est poursuivie pendant de nombreuses années.
Un autre exemple remonte à 1947, lorsque le gouvernement a exproprié la majeure partie du quartier chinois pour faire place à la construction d’un nouvel hôtel de ville à Toronto. La plupart des entreprises chinoises ont été contraintes de déménager sans aucune compensation ni soutien de la part du gouvernement. Nombre d’entre elles se sont installées à l’endroit où se trouve aujourd’hui le quartier chinois du centre-ville, à l’angle de Spadina et de Dundas. Toutefois, dans les années 1960, ce nouveau quartier chinois a de nouveau été menacé par un plan de développement.
Mais cette fois, la communauté chinoise s’est défendue. Elle a formé un comité dirigé par Jean Lumb, une militante chinoise, dirigeante de la communauté et propriétaire d’un restaurant. Elle a rallié la communauté chinoise et a porté sa cause devant le conseil municipal de Toronto, où elle s’est battue pour la préservation des bâtiments restants dans leur ancien quartier chinois.
Les choses ont lentement évolué à partir de là, lorsque les militants ont fait pression pour obtenir des réformes en matière de droits de l’homme dans les années 1960. Ces pressions ont contraint le gouvernement canadien à réformer ses pratiques en matière d’immigration en introduisant le système universel de points en 1967. Ce système attribue des points aux candidats en fonction de leur âge, de leur éducation, de leur expérience professionnelle, de leurs compétences linguistiques, du fait d’avoir un emploi au Canada et de leur capacité à s’adapter à la société canadienne, indépendamment de leur race, de leur origine nationale ou ethnique, de leur couleur, de leur religion ou de leur sexualité.