Le mythe de la minorité modèle
[Musique]
[Texte : Nous reconnaissons l’histoire de la colonisation qui a introduit notre communauté sur cette terre. En tant que personnes visées par un traité et en tant que colons sur des terres non cédées, nous avons la responsabilité permanente de comprendre notre rôle dans notre relation avec les peuples autochtones.]
[Texte : « D’où viens-tu? D’où viens-tu vraiment? » est écrit plusieurs fois]
[Image d’un homme asiatique en dessin animé]
Narration : D’où viens-tu? Non, non, non, ce que je veux dire c’est d’où viens-tu? D’où viens-tu à l’origine?
[Texte : Nancy Ng. Auteure et éducatrice | Edmonton AB. Canadienne chinoise de première génération]
[Vidéo de l’entretien de Nancy Ng]
Nancy Ng : Et on me le demande encore et encore et c’est comme un hamster dans une roue. C’est comme une roue dont je ne suis jamais sortie.
[Texte : Anne-Marie Pham. Défenseuse des droits des travailleurs | Calgary AB. Canadienne vietnamienne de première génération]
[Vidéo de l’entretien d’Anne-Marie Pham]
Anne-Marie Pham : C’est ce sentiment de ne pas être l’une d’entre vous, d’être l’autre, de ne pas être à sa place.
[Montage vidéo de Canadiens asiatiques]
Narration : Pour les Canadiens asiatiques, être considéré comme un étranger fait partie de notre réalité. Nous appelons cela le stéréotype de l’étranger perpétuel.
[Texte : Le stéréotype de l’étranger perpétuel]
[Vidéo de l’entretien de Nancy Ng]
Nancy Ng : Quand vous dites « étranger perpétuel », je pense au mot « autre ».
[Texte : Kevin Chong. Auteur et éducateur | Vancouver C.-B. Canadien chinois de deuxième génération]
[Vidéo de l’entretien de Kevin Chong]
Kevin Chong : Peu importe le temps que vous avez vécu en Amérique du Nord, au Canada, vous venez toujours d’ailleurs.
[Texte : Ahalya Satkunaratnam. Chorégraphe | Vancouver C.-B. Canadienne sri-lankaise de deuxième génération]
[Vidéo de l’intervention d’Ahalya Satkunaratnam]
Ahalya Satkunaratnam : Nous ne sommes jamais considérés comme faisant partie du tissu de la culture, de la société, du pays, du gouvernement.
[Musique]
[Texte : Murielle Chang-Chu. Auteure et éducatrice | Montréal QC. Canadienne chinoise de première génération]
[Vidéo de l’entretien de Murielle Chang-Chu]
Murielle Chang-Chu : Je trouve qu’il existe au Québec, de même que dans l’ensemble du Canada, un racisme systémique qui est « normal ». C’est aussi simple que la question : « D’où viens-tu? » La question de la représentation…
[Texte : Définition du stéréotype de l’étranger perpétuel : la fausse croyance selon laquelle, où vous que vous soyez né ou que vous ayez grandi et quelle que soit votre histoire, en tant que minorité visible, vous ne serez jamais pleinement canadien.]
Narrateur : Le stéréotype de l’étranger perpétuel est la fausse croyance selon laquelle, où que vous soyez né ou que vous ayez grandi et quelle que soit votre histoire, en tant que minorité visible, vous ne serez jamais pleinement canadien.
[Vidéo de l’entretien d’Anne-Marie Pham]
Anne-Marie Pham : Parce qu’ils sont visiblement différents de l’idée automatique que l’on peut se faire que les Canadiens doivent ressembler à une personne blanche.
[Vidéo de l’intervention d’Ahalya Satkunaratnam]
Ahalya Satkunaratnam : Même si c’est une appartenance construite, n’est-ce pas? En fait, ils n’ont pas leur place ici, ils ont immigré, eux aussi, ici.
[Montage vidéo des peuples autochtones du Canada et des Canadiens d’origine asiatique]
Narrateur : Non seulement cette idée ignore complètement l’histoire et la présence des peuples autochtones du Canada, mais elle porte un jugement sur le droit d’appartenance d’une personne en fonction de son apparence, plutôt que de son lieu de naissance ou de sa participation ou contribution à la société.
[Montage vidéo d’individus dessinés et propagande de guerre indiquant « Ils menacent le Canada sur les deux côtes ».]
Narration : C’est la continuation d’une longue histoire d’exclusion et de peur des Canadiens asiatiques, comme la qualification des Canadiens japonais d’étrangers ennemis et d’espions pendant la Seconde Guerre mondiale.
[Texte : Kenji Ohashi. Éducateur à la retraite | Edmonton AB. Canadien japonais de deuxième génération]
[Vidéo de Kenji Ohashi]
Kenji Ohashi : Nous, les Japonais qui vivions sur la côte ouest, représentions une menace pour le gouvernement fédéral. À l’époque, on pensait que les Japonais allaient venir et envahir le Canada.
[Musique]
[Montage photo de Canadiens asiatiques pendant la guerre]
[Texte : 22 000 Canadiens japonais ont été déplacés de force de la côte ouest du Canada. 4,000 citoyens japonais et Japonais nés au Canada ont été exilés au Japon.]
Narrateur : À la fin de la guerre, 22 000 Canadiens japonais ont été déplacés de force et envoyés dans des camps d’internement, et près de 4 000 d’entre eux ont fini par s’exiler au Japon, un pays qui leur était complètement étranger.
[Montage photo de Canadiens asiatiques]
[Texte : 1949 : Les Canadiens japonais obtiennent le droit de vote.]
Ce n’est qu’après avoir été internés à tort que les Canadiens japonais ont obtenu le droit de vote en 1949.
[Texte : 1947 : les Canadiens chinois obtiennent le droit de vote.]
De même, ce n’est qu’après avoir risqué leur vie en combattant pour le Canada pendant la Seconde Guerre mondiale que les Canadiens chinois ont obtenu la pleine citoyenneté et le droit de vote en 1947.
Les attitudes qui stigmatisaient les Canadiens asiatiques comme étant des citoyens de seconde zone persistent encore aujourd’hui.
[Texte : Monica Batac. Travailleuse communautaire | Montréal QC. Canadienne philippine de deuxième génération]
[Vidéo de l’entretien de Monica Batac]
Monica Batac : Quelle que soit notre citoyenneté, nous sommes aussi considérés comme n’étant pas toujours Canadiens, comme si l’on attendait de nous que nous justifiions en quelque sorte notre appartenance à ce pays.
[Photo de la Dr Tam, une femme asiatique, et de Derek Sloan, avec le tweet « La Dr Tam doit partir! … Est-ce que [Tam] travaille pour le Canada ou pour la Chine? » – Derek Sloan, Twitter]
[Montage vidéo de Canadiens asiatiques au travail]
Au travail, les Asiatiques peuvent être considérés comme moins qualifiés ou compétents en raison de leur apparence et de leur accent. Parler avec un accent devient un obstacle à surmonter et donne la fausse impression de ne pas être instruit ni intelligent.
[Vidéo de l’intervention d’Ahalya Satkunaratnam]
Ahalya Satkunaratnam : Ce n’est qu’à l’âge adulte que j’ai appris quel était le salaire de mon père. Et la manière dont il était traité au travail et dont ses compétences étaient sous-estimées sont des éléments que nous avons dû traiter après qu’on l’a forcé à prendre sa retraite.
[Vidéo de l’intervention d’Anne-Marie Pham]
Anne-Marie Pham : Les stéréotypes vont renforcer la croyance que les Asiatiques sont seulement de bons travailleurs.
[Texte : Cesar Cala. Organisateur communautaire | Calgary AB. Canadien philippin de première génération]
[Vidéo de l’entretien de Cesar Cala]
Cesar Cala : Et l’ironie dans tout cela, c’est que, bien qu’ils soient considérés comme une main-d’œuvre bon marché, de nombreux travailleurs étrangers temporaires sont en fait instruits. Ils sont obligés d’accepter ce travail, mais beaucoup d’entre eux sont en fait formés; certains ont même fait des études supérieures. Mais là encore, parce qu’ils occupent cet échelon de la hiérarchie économique, ils sont considérés comme une main-d’œuvre bon marché et jetable.
[Texte : Monica Batac. Travailleuse communautaire | Montréal QC. Canadienne philippine de deuxième génération]
[Vidéo de l’intervention de Monica Batac]
Monica Batac : La plupart des communautés asiatiques sont ici parce qu’elles ont pris leur place dans l’économie. Parce que l’esclavage a été aboli, c’est bien ça?
[Montage d’anciennes photos de Canadiens asiatiques au travail]
Et parce que nous sommes parfois considérés comme des gens qui peuvent travailler pour un salaire minimum, pour des salaires qui ne sont pas ’humains… C’est historiquement ancré, mais c’est aussi évident dans le quotidien de ceux qui font les petits boulots que personne, vous savez, le Canadien blanc ordinaire, ne veut faire.
[Texte : « La Covid-19 alimente le racisme anti-asiatique et la xénophobie dans le monde entier. » et « Les attaques racistes contre les Asiatiques continuent d’augmenter alors que la menace du coronavirus grandit. »]
Narrateur : Pendant la pandémie, le stéréotype de l’étranger perpétuel a contribué à l’augmentation des attaques racistes contre les Asiatiques.
[Texte : Augmentation de 600 à 700 % du nombre d’incidents signalés liés au racisme anti-asiatique en 2020]
[Une vidéo TikTok est diffusée par l’utilisatrice @silly.elie avec la légende « Mon amie a été harcelée dans les transports en commun ce soir. ». La vidéo montre son amie se faisant harceler en français par un individu masqué dans les transports en commun.]
[Diffusion d’une vidéo TikTok de l’utilisateur @mmarooco]
Script TikTok de @mmarooco : Mon colocataire et moi avons été attaqués en plein jour sur la rue principale de la ville de Montréal. Un homme s’est approché de nous par derrière et a commencé à étrangler mon colocataire en disant quelque chose comme « C’est de ta faute ». Je savais de quoi il s’agissait et c’est exactement pour cela que je fais cette vidéo aujourd’hui. C’est parce que nous devons arrêter cette nouvelle haine, la haine contre les Asiatiques.
[Texte : Emily Jan, artiste visuelle et éducatrice, Edmonton AB. Canadienne chinoise de deuxième génération]
[Vidéo de l’intervention d’Emily Jan]
Emily Jan : Pour la première fois en 10 ans, j’ai senti qu’il fallait que je fasse attention à ce qui se passait autour de moi lorsque je sortais.
[Texte : Andre-Anne Cote. Travailleuse de la santé | Montréal QC. Canadienne chinoise adoptée]
[Vidéo d’Andre-Anne Cote parlant français]
Andre-Anne Cote : Le seul fait qu’on se pose la question : « Est-ce que je dois me cacher ou pas? » montre qu’il y a un problème.
[Texte : Que pouvez-vous faire?]
Narrateur: Comment mettre fin au stéréotype de l’étranger perpétuel?
[Texte : Mettre en place des pratiques inclusives et encourager l’équité sur le lieu de travail]
Narrateur : En tant que société, nous devons mettre en place des pratiques plus inclusives et encourager l’équité sur le lieu de travail.
[Texte : Betty Valenzuela. Hospital Employees Union | Vancouver BC. Canadienne philippine de première génération]
[Vidéo de l’intervention de Betty Valenzuela]
Betty Valenzuela : Les droits des travailleurs et les droits humains sont intimement liés.
[Vidéo de l’intervention d’Anne-Marie Pham avec un montage vidéo de clips des intervenants précédents]
Anne-Marie Pham : L’impact de la marginalisation, le fait de ne pas bénéficier de l’égalité des chances, le fait d’être considéré comme « l’autre » ou « l’étranger » ont des impacts significatifs dans notre vie de tous les jours et sur notre capacité à contribuer à la société de la meilleure façon possible pour, vous savez, réaliser notre plein potentiel.
[Texte : Établir un dialogue au sein de nos propres communautés ainsi qu’avec les autres]
[Texte : Teresa Woo-Paw. Organisatrice communautaire | Calgary AB. Canadienne chinoise de première génération]
[Vidéo de l’intervention de Teresa Woo-Paw]
Teresa Woo-Paw : Nous devrions travailler ensemble pour répondre collectivement et conjointement à nos préoccupations communes. Car nous recherchons en fait la même chose : l’équité et l’égalité pour tous.
[Texte: Se former soi-même et former sa communauté]
[Vidéo de l’intervention de Betty Valenzuela et montage vidéo des manifestations contre le racisme anti-asiatique]
Betty Valenzuela : L’éducation, l’éducation est vraiment, vraiment importante et vous savez, il faut se former en permanence des deux côtés. Et puis bien sûr, la communication… L’éducation et puis la communication, elles vont de pair.
[Texte : Si nous ne lançons pas la discussion, qui le fera?]
Narrateur : Si nous ne lançons pas la discussion, qui le fera?
[Musique]
[Texte : Acte 2 End Racism. www.act2endracism.ca. Fondation ACCT. Financé par le gouvernement du Canada. Canada. Croix-Rouge canadienne.]