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Des pertes inestimables

Perte des biens

Au printemps 1942, les Canadiens japonais sont soumis à des enregistrements supplémentaires et à un couvre-feu. Les radios, les appareils photo, les armes à feu, les instruments de musique et les véhicules à moteur leur sont confisqués. Les promesses faites aux familles canadiennes japonaises que les maisons, les fermes et les entreprises leur seraient rendues ne seront pas tenues.

Affiche intitulée Avis concernant la propriété japonaise

Avis concernant les biens japonais, département du Bureau du Secrétaire d’État, Bureau du séquestre, 4 décembre 1942, avec l’aimable autorisation d’Addie Kobayashi.

 

Des vitres brisées dans un commerce avec la police à l'extérieur et une femme japonaise dans l'embrasure de la porte.

Propriété de résidents japonais endommagée (Nishimura Masuya, épicier, au 130 Powell Rd. S.) (Vancouver, C.-B.), William Lyon Mackenzie King, Bibliothèque et Archives Canada, C-014118

Le pillage et le vandalisme étaient omniprésents. Tous les biens sont vendus pour une infime partie de leur valeur marchande, estimée à 10 %. Les recettes de la vente des biens canadiens japonais servent à payer leur incarcération dans les camps d’internement. Des anciens combattants reçoivent des terres agricoles volées.

En 1949, les restrictions imposées aux Canadiens japonais sont levées et on leur accorde le droit de retourner sur la côte de Colombie-Britannique. Mais les maisons, fermes et entreprises avaient été vendues ou pillées : il ne restait plus que le traumatisme.

Nous sommes allés à Vancouver en mai dernier. Je n’avais pas envie d’y aller, j’avais l’impression que c’était mon cimetière… Mon plus gros regret dans tout ça est la perte de la propriété de ma mère à Surrey… 40 acres, et penser que le gouvernement a pris le terrain et l’a vendu à un promoteur… ça fait mal.

– Dick Ujiye

Dick Uyede debout dehors en hiver avec des arbres derrière lui portant un gilet de fourrure

Dick Ujiye en 1942, avec l’aimable autorisation d’Addie Kobayashi.

Tosh Uyede raconte comment lui et son père ont perdu leurs bateaux de pêche:

Nous, les pêcheurs, avions reçu l’ordre de nous signaler avec nos bateaux auprès d’une station navale à Odgen Point, à l’entrée de Victoria Harbour. Nous ne savions pas à quoi nous attendre et avons totalement été pris au dépourvu. Ils ont mis nos bateaux hors service et nous avons été faits prisonniers sur nos propres bateaux.

Des milliers de bateaux de pêche confisqués regroupés dans un port

Confiscation de bateaux de pêche canadiens japonais à Stevenson, en Colombie-Britannique. Avec l’aimable autorisation de Bibliothèque et Archives Canada, PA-037468

 

Nous avions très peu de provisions, nous avons donc demandé aux gardes de nous en acheter. Nous avons demandé la permission de téléphoner chez nous pour dire qu’on allait bien, mais cela nous a été catégoriquement refusé. Trois ou quatre jours plus tard, on nous a ordonné de nous rendre à une autre destination sous escorte.

Ils n’ont jamais revu leurs bateaux, Denman et Night Number Two.