Travail agricole
Champs et champs de bataille
Pendant la guerre, les hommes qui travaillaient dans les champs sont envoyés sur les champs de bataille et le manque de travailleurs devient criant. La dépression des années 30 et les demandes liées à la guerre ont entraîné une pénurie de main-d’œuvre. Les fermiers du Niagara commencent alors à recruter les Canadiens japonais afin de répondre à ce besoin. La forte demande de main-d’œuvre et le retrait de certaines lois discriminatoires en Ontario permettent aux travailleurs canadiens japonais d’être mieux traités et – à contrecœur – acceptés. De nombreuses personnes qui s’opposaient farouchement à l’arrivée des Canadiens japonais en Ontario se mettent à les embaucher.
Plusieurs familles d’agriculteurs à Lincoln, en Ontario, comme les Prudhomme, les Tregunno, les Boese et les Schenk ont accueilli des Canadiens japonais. Isbrandt Boese a apprécié la relation de travail avec les Canadiens japonais. Lui-même Mennonite exilé de Russie, Isbrandt comprenait les difficultés et épreuves auxquelles étaient confrontées les personnes déplacées.
Isbrandt se rappelle que les gens disaient : « méfiez-vous des Japonais », « ils sont capables de vous scalper sans même que vous ne vous en aperceviez ». Pourtant, il se souvient de la rencontre avec Mme Ei Hotta, qui était « toute petite » et avait un sourire éclatant.
Les fermiers qui choisissaient d’embaucher des Canadiens japonais étaient parfois aussi la cible d’attaques. Le 26 mars 1943, des habitants de Beamsville brûlent une croix devant de la ferme de C.H. Prudhomme, protestant contre la présence de main-d’œuvre japonaise dans ses pépinières.
Malgré tout, de nombreuses personnes disent avoir été traitées de manière respectueuse et généreuse par les habitants de la région de Niagara. La famille Prudhomme a engagé Dick et Sally Ujiye pour travailler sur son exploitation fruitière. Sally dit du fils aîné John Prudhomme qu’il était « gentil ».
Pour de nombreux Canadiens japonais, les conditions de travail, de logement et le traitement reçu dans le Niagara sont plus humains que dans les camps d’internement ou les fermes de betteraves à sucre.