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L’art des prisonniers de guerre

Prisonnier de guerre allemand en uniforme près d’une table couverte d’objets d’artisanat.  Ses mains sont derrière le dos et il a un sourire moqueur.

Un prisonnier de guerre allemand près d’un étalage d’artisanat à Medicine Hat, en Alberta, 1945.

Ed Peall, ancien combattant de la Première Guerre mondiale

Ed Peall, un ancien combattant de la Première Guerre mondiale, s’est joint à la Garde territoriale, chargée d’assurer la garde des prisonniers allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a travaillé à différents endroits, notamment dans des camps de bûcherons situés dans les régions isolées du nord de l’Ontario où travaillaient des prisonniers allemands.  Au cours de son service dans ces camps, il a obtenu deux peintures effectuées par des prisonniers de guerre. Ces deux œuvres particulières ont été peintes sur des tranches de billots, l’écorce servant à encadrer l’image.

 

Tranche d’un billot de bois sur laquelle est dessiné un camp de prisonniers de guerre. La scène montre trois abris à l’orée de la forêt.

Un camp de prisonniers de guerre peint par un soldat allemand, (peinture sur bois, 19,3 x 18,8 x 1,8 cm, Seconde Guerre mondiale.)

 

Ces œuvres permettent de mieux comprendre la vie quotidienne et les perspectives des prisonniers de guerre allemands au Canada. Elles montrent des endroits isolés, sans barbelés ni tours de garde, empreints de calme et de sérénité, et qui ont été magnifiquement dépeints. Dans un sens, ces images symbolisent un désir de liberté. Mais en même temps, elles indiquent une véritable exploration d’un paysage nouveau et étranger. Elles semblent souligner le fait que la nature sauvage et sereine du Canada contrastait nettement avec la brutalité de l’Europe en guerre.

Prisonnier de guerre allemand, assis devant un établi et regardant une de ses créations, un voilier dans une bouteille.

Un prisonnier de guerre allemand dans l’atelier du camp 32, à Hull, Québec, février 1946.

Chaque situation dans laquelle se trouvaient les soldats ainsi emprisonnés engendrait un besoin commun d’alléger leur ennui et de contribuer à retrouver leur équilibre.  De plus, ces activités leur permettait de créer des articles répondant à des besoins pratiques.  En outre, ces articles étaient couramment troqués contre quelques nécessités de l’existence ou même de petites douceurs.

Guerre des Boers

Pendant la guerre des Boers, des prisonniers de guerre ont été emprisonnés dans diverses régions du monde. Par conséquent, ils travaillaient généralement avec différents matériaux, selon leur disponibilité dans chacune de ces régions. La situation de chaque prisonnier l’amenait ainsi à produire ses propres formes d’objets d’artisanat.

Première Guerre mondiale

Au cours de la Première Guerre mondiale, environ 2500 membres des forces armées ennemies ont été détenus au Canada. La plupart étaient internés à Fort Henry, près de Kingston, en Ontario; ils participaient à plusieurs types d’activités, y compris la création d’objets d’art et d’artisanat.

Petite boîte de bois faite à la main, avec couvercle sculpté montrant une maisonnette, avec une feuille d’érable de chaque côté.

Boîte en bois, assemblée par un prisonnier de guerre allemand, (bois et peinture, 5,8 x 13,7 x 8,2 cm, Seconde Guerre mondiale.)

Seconde Guerre mondiale

Un nombre beaucoup plus important de soldats allemands ont été emprisonnés au Canada pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre 1940 et 1947, environ 34 000 soldats ennemis de tous les grades et de toutes les branches de l’armée allemande ont été internés dans des camps situés un peu partout au Canada. La plupart des gardiens appartenaient à la Garde territoriale des anciens combattants, composée principalement d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale.

Petit voilier et scène d’un port, avec moulin à vent et phare, à l’intérieur d’une ampoule, montée sur un socle de bois.

Navire dans une ampoule, faite par un prisonnier de guerre allemand, (bois, verre, peinture, techniques mixtes, 19,7 x 9,9 x 11,3 cm, Seconde Guerre mondiale.)

La vie monotone dans un camp de prisonniers

La monotonie de la vie dans ces camps était une véritable source de tension pour les prisonniers, et on les encourageait à se livrer à une vaste gamme d’activités pour se distraire. Les compétitions sportives, les concerts et les représentations théâtrales et musicales, la garde d’animaux de compagnie et le jardinage, la lecture et la publication d’un journal pour le camp, l’étude et les cours de divers niveaux, ainsi que l’art et l’artisanat étaient les meilleurs moyens d’échapper à l’ennui du quotidien dans ces camps.

Le YMCA

Le YMCA (Young Men’s Christian Association – Union chrétienne de jeunes gens) a joué un rôle de premier plan dans la fourniture de l’équipement et des matériaux nécessaires pour améliorer la qualité de vie des prisonniers de guerre. « Nous avons mis en place des travaux d’artisanat dans tous les camps. Des artisans qualifiés fabriquent de beaux bateaux, sculptent de jolies figures en bois, exécutent d’excellents tableaux et sont experts dans la préparation de livres de poche. Nous n’avons pas reçu l’autorisation de vendre ces articles. Le Canada ne souhaite naturellement pas voir ces objets venir concurrencer la production domestique. » Les restrictions sur la vente de ces articles fut finalement levée, et des expositions ainsi que des ventes furent organisées dans les camps et plusieurs grands magasins au Canada. En 1945, une vente d’objets d’artisanat fabriqués par les prisonniers de guerre allemands amassa 1185,76  $ au profit du YMCA.

Vue de face d’un coffre bout de lit en bois, fait à la main, montrant les motifs gravés et la serrure en laiton.

Coffre bout de lit, sculpté par un prisonnier de guerre allemand, (bois, laiton, 37,5 x 120,7 x 48,3 cm, v. 1942-1944.)

Une large gamme de la production artisanale des prisonniers de guerre allemands au Canada a été préservée. Une grande partie a été créée à partir de bois récupéré de boîtes de pommes et d’autres sources, et quelques-uns des articles sont ornés de symboles canadiens, comme la feuille d’érable. Un certain nombre d’articles ont été spécialement produits à l’intention ou encore à la demande de membres de la Garde territoriale des anciens combattants. Les gardes achetaient souvent des pièces d’art ou d’artisanat produits par les prisonniers ou encore les échangeaient contre divers articles.

Un voilier dans une bouteille, sur un socle de bois. Le socle porte l’inscription, en lettres vertes et en anglais : « En mémoire de la fin victorieuse de la Guerre mondiale 1945.  »

Navire dans une bouteille, créé par un prisonnier de guerre, (bois, verre, peinture et techniques mixtes, 19,7 x 9,9 x 11,3 cm, Seconde Guerre mondiale.)

 

Les articles d’artisanat le plus souvent produits par des prisonniers allemands internés au Canada durant les deux guerres mondiales furent probablement des bateaux miniatures en bouteille ou dans une ampoule électrique. De nombreux prisonniers appartenaient aux forces navales allemandes et ce type d’artisanat relève d’une longue tradition chez les marins. On peut comprendre comment cette forme diminutive d’un paysage terrestre ou marin résumait symboliquement leur propre situation. Ils étaient emprisonnés dans un vaste pays, mais confinés dans un lieu restreint et se languissaient loin de leurs foyers. Les paysages dans la plupart des bouteilles montrent des moulins à vent ou de hautes montagnes le long d’une côte qui n’est probablement pas un lieu précis au Canada, mais plutôt une vague représentation généralisée de la région d’origine ou encore un simple désir d’évasion vers un endroit rêvé.

Si vous souhaitez voir plus d’information sur Ed Peall, ancien combattant de la Première Guerre mondiale, cliquez ici

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