Éclairer le chemin vers l’individualité: L’étui de boîte d’allumettes de Harry Ritz
Harry Ritz se retrouve hâtivement au front
En 1915, Harry Franklin Ritz est assistant-maître de poste à Lacombe, en Alberta. En janvier 1916, à l’âge de 18 ans, il décide de s’enrôler. À peine quelques mois plus tard, en novembre 1916, il se retrouve sur la ligne de front lors de la bataille de la Somme, près d’Albert, en France. Il fait alors partie du 78e bataillon d’infanterie.
Problèmes psychologiques et conditions déplorables
Le fait d’avoir à se joindre aux combats si tôt après son arrivée ne manque pas de provoquer des difficultés psychologiques chez bien de jeunes soldats comme Ritz. Par ailleurs, les conditions déplorables sur les champs de bataille ne manquent pas d’aggraver les problèmes. Le journal de campagne du bataillon lors d’une journée de la première semaine suivant l’arrivée de Ritz indique : « temps : pluie et brume – boue jusqu’à hauteur de la hanche dans les tranchées de la première ligne et celles de soutien… pertes pour la première ligne : 6 tués, 14 blessés. »
L’artisanat durant les temps libres
Lorsqu’il n’est pas en première ligne, forcé de vivre des expériences pénibles et déshumanisantes, Ritz se retrouve avec de longues périodes de temps libres. Comme bien d’autres soldats, il se distrait en créant des objets à partir de matériaux ramassés sur les champs de bataille.
Un des objets qu’il façonne est un petit étui à boîte d’allumettes, sur lequel il grave son nom, celui de son bataillon et ceux de quelques-unes des batailles auxquelles il prend part. Cette pièce d’artisanat toute simple est une illustration révélatrice de la vie d’un soldat en temps de guerre.
L’aluminium : matériau de guerre et d’artisanat
Au cours de la Première Guerre mondiale, l’aviation militaire fut une pionnière dans l’usage de l’aluminium. Ce métal léger et malléable était idéal pour la construction d’avions. Sa nature malléable simplifiait la production rapide et efficace des avions. Sans compter que son faible poids réduisait la consommation de carburant.
Sa nature malléable et légère en faisait également un matériau idéal pour la fabrication d’objets d’artisanat liés à la guerre. En conséquence, c’était un matériau très recherché par les soldats qui désiraient créer des objets d’artisanat pour eux-mêmes ou pour d’autres personnes pendant leurs temps libres.
Critères pratiques pour les projets personnels d’art des tranchées
Pendant toute la durée de leur service, les soldats étaient essentiellement nomades. Ils allaient et venaient constamment entre la ligne de front et les zones de repos à l’arrière, selon les congés ou les périodes de convalescence; d’autres étaient internés dans des camps de prisonniers. Sur les champs de bataille, ils devaient transporter tout leur équipement, qui pesait environ 27 kg. Tout ce qui n’était pas absolument essentiel était jeté, y compris les lettres reçues de leur foyer. C’est donc dire que les objets créés devaient être petits et portatifs. Par conséquent, les soldats choisissaient souvent de fabriquer des objets qui se trouvaient normalement dans leur fourniment. Mais le fait qu’il s’agissait de quelque chose dont ils se servaient tous les jours augmentait de beaucoup leur réelle valeur.
Le petit étui pour boîte d’allumettes créé par Ritz est un symbole évocateur de l’existence nomade des soldats. Il satisfaisait aux prérequis voulant qu’il soit très léger et aussi fonctionnel que possible. De plus, sa composition en aluminium très malléable permettait de donner libre cours à la créativité de son concepteur.
Les critères psychologiques et historiques de projets personnels d’art des tranchées
Certains objets d’usage personnel acquièrent une plus grande signification pour la simple raison qu’ils comportent une part d’individualisme.
Au XIXe siècle, on fumait surtout la pipe, qui était souvent ornée de symboles militaires ou d’honneurs de bataille. Au début du XXe siècle, l’usage de la cigarette commença à se répandre. Pendant la Première Guerre mondiale, la majorité des soldats étaient des fumeurs; les briquets et les étuis à boîtes d’allumettes étaient donc des formes courantes d’art des tranchées. Les étuis à boîtes d’allumettes varient de spécimens d’aspect simple et créés par le soldat lui-même, jusqu’à des modèles très ornés et probablement achetés à des artisans.
L’étui de boîte d’allumettes de Ritz était pour lui un objet fabriqué à la main, qui allait l’aider à préserver son individualité et fournir un contrepoids aux expériences déshumanisantes vécues au front lors de la bataille de la Somme.
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