M. Maurice Langlois sur la discipline au collège Saint-Patrice (Magog)
Entrevue avec Maurice Langlois, ancien élève du collège Saint-Patrice, par Louis-Charles Cloutier Blain (Société d’histoire de Magog) le 2 juillet 2018.
Entrevue avec Maurice Langlois, ancien élève du collège Saint-Patrice, par Louis-Charles Cloutier Blain (Société d’histoire de Magog) le 2 juillet 2018:
Maurice Langlois: «Oui bien comme l’indiscipline régnait un petit peu dans les classes, comme tout le monde était jeune, il fallait évidemment qu’il y ait des mesures disciplinaires pour contrôler le comportement de toutes les classes. Je me souviens de trois méthodes.
Une était de tout simplement : demande à l’élève de quitter la classe pour la fin du cours et puis il reviendra pour le prochain cours. Un autre s’était le fait qu’on nous mettait dans le coin. Trop indiscipliné, surtout les plus jeunes, on disait: toi tu t’en vas dans le coin en arrière, ou à genoux, ou debout, et tu attends la fin du cours.
Et puis l’autre c’était le fait qu’on nous envoyait chez le directeur de l’école, qui était le frère directeur, pour recevoir un certain nombre de coups de courroie, ou de coups de strap comme on appelait à l’époque. Personnellement j’ai jamais été témoin ou victime de ça. J’ai été témoin oui. J’en ai déjà vue qui sont allés et qui sont revenus avec les mains un petit peu rouges là.
Et puis je me souviens que pour nous protéger contre la violence des coups de strap sur la peau, y’avait toujours un bâton de…on appelait ça de l’arcanson. C’est une résine quelconque. Aujourd’hui l’arcanson, les joueurs de violon pi d’instrument à cordes passent l’arcanson, c’est une espèce de cire, je pense, sur les cordes de violon.
Fa’qu’y avait toujours un bâton qui circulait, probablement dans toutes les classes. Pi quand y’en a un qui était envoyé chez le frère directeur pour recevoir son châtiment, quelqu’un lui passait le bâton. Il s’enduisait la main d’arcanson. Fa’que la courroie glissait puis ça faisait un espèce de film protecteur sur la main pi les coups étaient moins douloureux, moins souffrants. »
Louis-Charles Cloutier Blain (SHM): «Vous voulez dire que l’arcanson était comme clandestinement passé entre élèves?»
Maurice Langlois: «Oui. On savait qu’il y en avait toujours un qui avait le bâton. C’était un espèce de bâton. Ça ressemblait un petit peu à une paraffine, qui circulait. Puis on savait habituellement, ou les plus indisciplinés savaient habituellement qui avait le bâton. Fa’quand y partait pour le châtiment ou pour les coups de strap, y’apportait le bâton avec lui pi avant d’entrer chez le directeur, il [ne] savait pas dans quelle main ça irait fa’qui s’passait les deux mains d’arcanson. Je [ne] sais pas si c’est vraiment à l’insu des frères. Les frères devaient être au courant que ça existait là. Mais c’était le moyen le plus douloureux de châtiment.
Louis-Charles Cloutier Blain (SHM): Et ça, c’était au collège Saint-Patrice ?
Maurice Langlois: J’pense qu’il y en avait dans toutes les écoles, mais y’en avait entre autres au collège Saint-Patrice oui.