7. L’immigration canadienne-française et les premières écoles catholiques
Si Magog fut fondée par des protestants d’origine américaine ou britannique, de plus en plus de catholiques s’y installèrent au long du 19e siècle; d’abord des Irlandais, puis des Canadiens français. Les catholiques devinrent même majoritaires dans les années 1880. Cette augmentation était due principalement à la croissance de la communauté canadienne-française à Magog qu’encourageait le développement industriel. Il suffit d’observer la proportion de Canadiens français avant et après l’arrivée de l’usine textile en 1884 pour s’en rendre compte : si ces derniers représentaient 32% de la population en 1881, ils en représentaient 60% en 1891.[1]
Cette évolution démographique eut une incidence directe sur le système d’éducation magogois. Par exemple, en 1867, 18 des 52 élèves de la Magog Academy étaient de confession catholique. En 1871, soit quatre ans plus tard, la proportion d’étudiants catholiques augmentait à 30 sur 75 [2]. La Magog Academy étant de confession protestante et son enseignement étant donné en anglais, le besoin d’établir une école plus adaptée aux besoins linguistiques et religieux des familles catholiques devint donc prioritaire durant le dernier quart du 19e siècle.
C’est pour cette raison que la communauté catholique fit dissidence de la commission scolaire protestante afin de fonder ses propres écoles. Une première école fut mise sur pied en 1879 dans la sacristie de la chapelle Saint-Patrice. Les cours y étaient donnés par le curé François-Xavier Michon. L’origine des élèves était d’abord très diversifiée. Selon Alphonse Girard, sur un total de douze enfants, on y comptait trois francophones et neuf anglophones, dont plusieurs Irlandais.[3]
La première école catholique de Magog fut construite en 1881. Elle était faite en bois et mesurait 24 pieds sur 40 pieds. Elle était située sur la rue Principale. Toutefois, elle ne resta pas en fonction bien longtemps. D’une part, la limite de sa capacité fut vite dépassée par l’arrivée massive de Canadiens français. D’autre part, le prolongement du chemin de fer vers Sherbrooke et vers la nouvelle usine textile passa à quelques pieds de l’école. L’école et le terrain furent donc vendus trois ans plus tard au notaire L. A. Audet, qui y établit sa résidence.[4]
[1] Alain R. Roy (mémoire de maîtrise) Le développement de l’instruction publique catholique à Magog : ses rapports avec le processus d’industrialisation, 1879-1943, Université de Sherbrooke, 1995, p. 24.
[2] Pour l’année 1881 voir Ibid. , p. 16. Pour l’année 1891, voir Jacques Desgrandchamps, Monseigneur Antoine Racine et les communautés de religieuses enseignantes, 1874-1893, Sherbrooke, Groupe de recherche en histoire des Cantons-de-l’Est, 1980, p. 111.
[3] Alphonse Girard, History of Magog, Magog, Le Progrès de Magog, 1970, p. 18.
[4] Ibid. p. 20.