La manufacture Lafayette
Entrevue réalisée par Karine Chagnon et Marc-Antoine Malo
Montage réalisé par Gabriel Laprade
Gilles Tétreault est assis sur un divan en cuir, dans son salon. Il nous parle des différentes transformations qu’il a observées à la manufacture Lafayette.
Transcription:
Là on a fait, quand je suis arrivé là, on faisait 400 paires. Un moment donné, y’ont dit : on va se moderniser. Chez Lafayette, il faisait toutes les sortes d’hommes eux autres. Enfants, puis tout ça, puis même, il faisait de la femme aussi. En tout cas, il faisait pas mal toutes. Y’appelait ça « General Footware » pas pour rien. Icitte, ça s’appelait Lafayette, mais dans le fond, la compagnie c’était « General Footware » à Montréal. Ils vendaient toutes les sortes de chaussures. Souliers de sœurs, souliers de bowling (quilles), souliers d’armée. Toutes sortes d’affaires. Mais ça là, ça payait pas bien bien parce que c’était trop étendu. Un moment donné, y’ont dit : on va se spécialiser dans la botte d’hiver. On va faire des bottes de loup-marin, on va essayer ça. Puis là, les bottes de loup-marin, on taillait dans des peaux de loup-marin, des vrais loups-marins, du vrai poil. Y’avait une couple de bons tailleurs de St-Ours qui étaient bien qualifiés puis y’étaient bien vites aussi. Ça c’était taillé à la main. Un moment donné, y’ont rentré des « clickers ». Ça c’était électrique, ça allait plus vite qu’à la main puis ça faisait plus d’ouvrage. Puis là, un moment donné, y’ont dit on va rentrer des grosses machines comme y’a sur la photo ici. Des grosses machines. On a rentré ça par les châssis. Y’ont rentré quatre machines par les châssis du troisième étage. Des grosses machines. C’était bien pesant. Avec des grosses, comment on appelle ça, des grosses cranes (grues). Y’ont rentré ça. Là, on en a mis deux dans un département, puis deux dans l’autre département, mais sur le même étage. On taillait là-dessus des feutres, des chaussons de feutres comme les bottes de ski-doo, c’était bien à la mode dans le temps, puis des bottes de lumberman (bucherons) pour ceux qui travaillaient dans la construction. C’était un chausson de feutre à peu près ça de haut. Tranquillement, avec les années, de 400 paires de souliers, on est monté à 10 000 paires par jour.