Le début des années 1990
Entrevue réalisée par Karine Chagnon
Montage réalisé par Gabriel Laprade
Joe Bichai est assis dans la salle de conférence de l’usine Genfoot de Lachine, à Montréal. C’est la raison pour laquelle on voit des bottes d’hiver en exposition sur le mur blanc derrière lui. Dans cet extrait, il nous parle du contexte économique au début des années 1990.
Transcription:
Alors c’est sûr que, si tout allait bien dans l’usine, les employés sont très contents, ils sont bien payés, ils font des bons bonus, c’est difficile de changer quelque chose qui, à première vue, n’a pas besoin d’être changé. C’est sûr que si on regarde l’industrie en général, on se situe en 1991, selon les données du marché de l’industrie, au cours des cinq dernières années seulement, 45 usines de chaussures avaient fermé au Canada. Ça avait entraîné 6000 pertes d’emploi, ce qui est énorme.
Dans ce temps-là, c’est très facile de déterminer un coût de vente. On avait juste à mesurer notre prix de revient, rajouter notre profit. On allait voir le client. Votre botte va vous coûter tant. Pas de problème, c’est beau. Maintenant, avec la venue des pays extérieurs qui avant ne compétitionnaient pas avec nous, c’est le client qui nous dit : non non, moi cette botte-là, j’en ai une qui lui ressemble, peut-être pas identique, mais je l’ai à tel prix puis je ne veux pas payer une cenne de plus. Donc la notion du prix de vente n’est plus basée sur le prix de revient et profit, c’est plus le prix du marché. Sachant ça, c’est sûr qu’il fallait se préparer d’avance et c’est pour ça qu’on a dit : l’heure est venue de s’assoir avec les employés et de se parler dans le blanc des yeux.