Les premiers pas chez Lafayette
Entrevue réalisée par Monique Provost-Chatigny
Montage par Gabriel Laprade
Tout en se balançant vigoureusement sur son fauteuil berçant brun, Marcel Charron raconte sa première rencontre avec le gérant de la manufacture Lafayette.
Transcription:
Bon ben c’est ça, on est en 1946 à peu près. Quand je suis sorti du séminaire. Pis là, y fallait que je travaille moi.
Chez Lafayette, c’était un nommé Bergeron qui était foreman général. C’était le gérant dans le temps. Ma mère m’a dit « Va voir M. Bergeron. Demande-lui qu’il te donne de l’ouvrage ». Faque moi je suis parti pour aller voir chez Lafayette.
Nous autres on l’appelait Bergeron.
Il m’a dit :
- Ouain t’es un p’tit Charron toi ?
- Marcel Charron !
- Ton père ?
- Normand Charron.
- Ah ben ! Je l’ai bien connu ton père ! Les Charrons, c’est des gars de bottine, des gars de chaussure. On va faire un bon cordonnier avec toi ! Tu vas commencer dans pas grand temps. On va te trouver une job. M’a te rappeler et c’est sûr que tu vas avoir une job.
J’étais ben content. On m’a appelé le temps de le dire parce que, ce qui est arrivé, Ti Georges Téreault, celui qui a été maire de Contrecœur icitte, lui y’est devenu gérant chez Lafayette. Mais avant d’être gérant, la job que j’étais pour avoir, c’était sa job à Ti Georges. Dans le « fittage » avec 40-50 filles, faire les commissions, travailler sur les machines, apprendre à coudre. Pis moi, ben j’ai pris la place de Georges. C’est moi qui était (désigné) pour faire les commissions, pis donner les lots, réparer les straps (courroies). Tout ce que ça comportait.