L’âge d’or de la Butte à Mathieu
Imaginez. Septembre 1962. Une salle aux murs en bois de grange, des filets de pêche au plafond, des nappes à carreaux sur les tables, la lumière tamisée des chandelles plantées dans des bouteilles de Chianti. Les spectateurs se font silencieux. Le spectacle va commencer.
En première partie, un jeune homme s’avance guitare à la main. Il n’a pas 20 ans. Il chante ses compositions dont La Boulée et Hommage à Joao Gilberto. Le public est conquis et convaincu que ce jeune inconnu a du talent et un brillant avenir. C’est Robert Charlebois.
Puis, déposant son pied sur le premier barreau de son tabouret de bois, le grand Félix entonne L’hymne au printemps.
Après Charlebois, Félix partagera les planches avec Vigneault, Jean-Guy Moreau et Monique Miville-Deschênes. Des soirées magiques comme celle-là, la Butte à Mathieu en produira des centaines.
Durant la première année de la Butte en 1959, sept artistes proposent leurs talents à un public qui s’agrandit de semaine en semaine. En 1960, ils sont 42 à fouler les planches de la nouvelle salle de spectacle. Outre Félix Leclerc et Raymond Lévesque, la plupart d’entre eux sont encore des inconnus. En 1961, Claude Léveillée, Gilles Vigneault, Christine Charbonneau, Stéphane Venne, Pauline Julien et Renée Claude sont parmi les 25 artistes à embrasser le public de la Butte avide de mieux connaître la chanson du Québec.
En 1965, ils sont 51 artistes. Jusqu’en 1972, le nombre de spectacles présentés à la Butte est impressionnant. Puis, ce nombre décline peu à peu. Le public conquis dans les boîtes à chanson du Québec offre à chacun des artistes l’occasion de performer dans de plus grandes salles. La grande chanson québécoise est lancée.