La Révolution tranquille, la paix et l’amour
Aux élections de 1960, la population tranche. Les valeurs conservatrices doivent faire place à la modernité. La parole se libère et s’associe à une valorisation de la culture québécoise sensible à l’ouverture au monde, à la richesse de son patrimoine unique, à la liberté, à la paix, à l’amour et pourquoi pas à l’idée d’un pays !
À l’époque, les jeunes adultes forment un groupe important de la population. Ils ont fréquenté les collèges et les universités, ils sont plus scolarisés que leurs parents et ils comptent se faire entendre dans les débats qui secouent la société.
Au début des années 1960, la lutte pour les droits des femmes prend une ampleur inégalée. Il était temps. L’obtention du droit de vote n’a été acquis qu’en 1940. En 1964, grâce à Claire Kirkland-Casgrain, la première femme élue comme députée, les femmes obtiennent un nouveau statut juridique. Désormais, les femmes mariées ne sont plus considérées soumises à leur mari au même titre qu’un enfant mineur. Elles peuvent signer un contrat et exercer une profession sans l’accord de leur mari. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître aujourd’hui, les femmes deviennent enfin de véritables citoyennes et peuvent participer pleinement à la vie publique.
La Butte à Mathieu naît à l’aube de cette Révolution tranquille. Entre ses murs, les aspirations du Québec sont transportées par les artistes et les chantres de la nouvelle chanson québécoise. À travers eux se définit la nouvelle identité de la culture québécoise. Leurs paroles portent les espoirs d’une génération qui aspire à l’égalité entre les hommes et les femmes, une plus juste répartition des richesses, un plus grand respect de la nature et une ouverture sur le monde, les cultures et les arts. Dans les boîtes à chanson vibrent les idéaux de paix, d’amour, de liberté et de libération.
Claude Gauthier raconte : « On passait le chapeau pour 25 $, 30 $ ou 40 $ pour la soirée. On était content, on était heureux parce qu’on sentait qu’il y avait un projet dans l’air à cause de la chanson du Québec. La Butte à Mathieu a grandi très rapidement. Gilles Mathieu était très actif. Il a construit. Il ne faisait que ça. Il construisait des rallonges. »