Un vent de changement!
En 1966, des menaces de grève soufflent sur la ferme lorsque deux employés reçoivent une accréditation de la Confédération des syndicats nationaux (C.S.N.). Après des pourparlers houleux avec la congrégation, ces deux employés sont congédiés ce qui provoque une tornade de réactions de la part des autres travailleurs.
Huit d’entre eux déclenchent une grève afin de revendiquer de meilleures conditions salariales. Pendant huit jours, le lait coule dans les puisards, les œufs s’accumulent, les framboises se perdent, les légumes mûrissent sur leurs plants. Les hommes bloquant l’entrée à la ferme, il est impossible pour les sœurs de passer la ligne de piquetage et de recueillir le fruit de leur dur labeur.
Les employés retournent finalement au travail après une entente avec le syndicat. Ils exigent en contrepartie que les sœurs résidentes quittent la ferme pour revenir habiter au couvent. Elles n’y reviendront qu’après cette période de grands bouleversements. Le sort de la ferme est incertain.
La grève amène la congrégation à évaluer les besoins et la rentabilité de la ferme. L’étude conclut à un faible rendement du troupeau laitier, une quantité moyenne d’œufs produits par les poules et une récolte de foin totale plutôt basse. La ferme n’est plus rentable.
En 1966, les nouvelles exigences de la Commission canadienne du lait obligeraient la congrégation à faire de gros investissements. Posséder une ferme n’est plus un avantage pour elle. En plus, les entrées en congrégation sont de plus en plus rares et les besoins en provisions diminuent rapidement. La congrégation subit de plein fouet les changements sociaux du Québec des années 1960, ce qui provoque la fermeture de l’École normale et de l’Institut familial.
La congrégation arrête tous les travaux sur la ferme et congédie les employés. Seul Victorien Simard reste à l’emploi comme gardien des terres et pour les travaux manuels. Tous les animaux, équipements et machineries doivent être vendus. Tout disparaît sous les cris des encanteurs en 1968.
De 1969 à 2001, la congrégation se limite à enrayer la dépréciation de la ferme en louant les terres à des agriculteurs locaux et les bâtiments à des organismes caritatifs. Ville de Saguenay achète une partie des terrains à des fins de développements récréatifs. Le reste des terrains ne peut être vendu à cause de la loi sur le zonage agricole. Les sœurs continuent d’habiter dans la maison de la ferme Saint-Joseph et espèrent que le vent tournera. Il faut attendre 2001 avant qu’un nouveau projet ne soit enclenché.