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Une intrigante différence

Chaque pêcheur construit ses engins de capture à sa manière. De légères différences sont visibles d’une pêcherie à l’autre. Toutefois, des différences très marquées d’est en ouest de la Côte-du-Sud sont intrigantes.

Entre deux rangées de filets de pêche tenus à la verticale par de grandes perches, un homme, s'aidant des perches, se tient en équilibre à environ 3 mètres de haut; photo noir et blanc.

Rodrigue Labecque répare les filets en fil de cuivre de la pêche de son père Misaël, 1966

Eau salée et fortes vagues

La partie ouest de la Côte-du-Sud serait moins encline aux vagues parfois très dévastatrices. L’eau est douce, le fleuve plus étroit et il semble y avoir moins de varech.

Les pêcheurs de cette région construisaient un grand parc formé de treillis métallique. L’intérieur du parc était divisé en deux ou plusieurs chambres séparées par des cloisons également en treillis. Passant d’une chambre à l’autre, l’anguille se retrouvait en bout de course prise au piège dans un vivier.

Cage en treillis métallique dont la structure est de planches. Elle mesure environ 6 mètres par 5 mètres et est échouée dans une baie bordée d'arbres, un homme est debout à gauche, c'est l'été.

Partie d’un engin de pêche échouée à Saint-Vallier (Québec), 2005

En aval de Berthier-sur-Mer, l’eau est saline et devient salée à la hauteur de Rivière-Ouelle. La force du vent de tempête génère des vagues impressionnantes qui transportent des débris lourds.

Des pêcheurs sud-côtois ont expérimenté les parcs et le treillis métallique. Ces installations n’ont pas eu la faveur des pêcheurs, car le treillis est difficile à manipuler et il résiste mal aux contraintes et intempéries. Les pêcheurs ont majoritairement utilisé des engins fixes semblables à ceux encore installés sur l’estran au Kamouraska. Une exception a confirmé cette tendance.

Un octogénaire assis à une table déploie une étroite bande de filet de cuivre entre ses deux mains.

Filet de cuivre maillé à la main par Rodrigue Labrecque, 2017

 
À Saint-Vallier, à la pointe Labrecque (autrefois appelée pointe à l’Ardoise), trois générations de pêcheurs ont fait les choses bien différemment, et cela, dès la fin du 19e siècle.

Désiré Labrecque, le grand-père, faisait fabriquer son filet en fil de cuivre par un artisan du village. Son fils, Misaël, a appris de cet artisan vers 1925. Rodrigue Labrecque se rappelle très bien que son père, Misaël, lui ait enseigné la technique au milieu des années 1940. Il est impossible de retracer l’origine de l’utilisation de ce type de filet. Est-ce une idée de Désiré Labrecque ou avait-il vu cette pratique ailleurs ?

Une rangée de longues perches sur le rivage du fleuve à la base desquelles trois hommes attachent des filets de pêche; photo noir et blanc.

Misaël et Rodrigue Labrecque érigent l’aile principale de leur pêche faite avec des filets de cuivre, vers 1960