Premiers pas : cérémonie de la première sortie
Éditeur vidéo : Charly Gilpin, 2017
Photographe : Beverly Mayappo, juin 2008
Narrateur : Fred Blackned, mars 2017
Localité : Wemindji, QC
Premiers pas : cérémonie de la première sortie. Narrateur : Fred Blackned
Comme on le sait, un très petit enfant n’est pas encore capable de prendre soin de lui-même, il est trop jeune.
Sur les toits de Wemindji, nous apercevons la rivière Maquatua et des collines de l’autre côté.
C’est à ce moment-là que nous avons la cérémonie de la première sortie, quand l’enfant est encore très petit.
Dans une habitation traditionnelle, un tipi fait de poteaux d’épinette et de toiles, deux femmes déposent des branches d’épinette sur le sol et une troisième nettoie le foyer.
À l’extérieur du tipi, tôt le matin, un jeune enfant passe devant l’habitation.
La cérémonie a presque toujours lieu lorsque l’enfant a cet âge, environ un an ou deux.
De retour dans le tipi, les familles des deux enfants se préparent pour la cérémonie.
Pour les parents, le but de cette cérémonie est d’enseigner à leurs enfants le mode de vie, les habiletés et la langue des Cris.
Dehors, de nombreuses personnes se sont rassemblées autour du tipi pour la cérémonie.
Les parents veulent transmettre ces compétences et connaissances à leurs enfants. C’est pourquoi ils tiennent cette cérémonie.
Deux femmes sortent du tipi pour aider leurs petits garçons qui portent des vêtements et l’équipement de chasseur, mais leurs petits fusils sont en bois.
Si les parents assument la responsabilité de cet enseignement, l’enfant en bénéficiera.
On aide les enfants à marcher en cercle devant l’habitation, vers l’est.
L’enfant pourra apprendre. Il commencera à comprendre le mode de vie, la culture et la langue des Cris.
Trois oies ont été disposées devant le tas de bois. Elles ont été chassées plus tôt cette année-là et ont été gardées pour la cérémonie.
L’enfant verra clairement comment apprendre et faire les choses. Le petit garçon est costumé en chasseur. Il porte un fusil en bois et « tire » sur une oie.
Avec un petit coup de main, les enfants font semblant de tirer sur les oies. Les mères les aident à rapporter les oies au tipi.
C’est ainsi que les parents commencent à apprendre à l’enfant à chasser pour se nourrir, et que tirer sur une oie fait partie des responsabilités des chasseurs cris qui doivent subvenir aux besoins de leur famille.
À l’intérieur du tipi, les oies sont remises aux grands-parents ou arrière-grands-parents assis à gauche de l’entrée. Les anciens embrassent les enfants. Les mères font circuler les enfants autour du tipi pour les présenter à chaque personne présente. Collations, thé et café chauds sont ensuite partagés avec les personnes présentes à la cérémonie.
Ils apprennent que le Créateur parle des animaux en disant : « J’ai fait ceci pour vous afin que vous ayez à manger et que vous puissiez être habillés chaudement. »
Un groupe d’oies survole le site de la cérémonie, tout le monde lève les yeux pour les regarder.
À l’intérieur de l’habitation, une femme plume les oies « abattues » par les enfants et beaucoup d’oies sont grillées autour du feu.
Si une femme plus âgée se trouve dans le tipi, c’est elle qui guide les autres dans l’aménagement du tipi, pour le rendre beau et confortable.
Des femmes sont assises sur le sol du tipi autour du feu, cuisinant et préparant le festin.
On ne peut pas faire ça à peu près, il faut le faire avec respect. On doit écouter la femme plus âgée pour savoir comment faire. C’est pourquoi la petite fille est vêtue comme une femme âgée, parce qu’elle aussi écoutera et apprendra des aînées.
Une femme sert les assiettes de nourriture, une autre coupe le gâteau. Le gâteau, décoré avec amour, est orné d’une scène tridimensionnelle composée d’eau, d’arbres, d’oies et d’un tipi.
Tout sur la terre grandit. Lorsque les enfants sortiront du tipi et toucheront le sol pour la première fois, ils commenceront à grandir, comme tout le reste grandit sur la terre. Maintenant, ce sera à leur tour de grandir. La famille organise la Cérémonie de la première sortie parce que l’enfant est prêt à grandir et à apprendre.
À l’extérieur de l’habitation, on voit à nouveau la scène des enfants et de leur mère qui sortent et « tirent » sur des oies.
Il y a beaucoup de choses à apprendre quand on regarde la cérémonie.
Fred Blackned, le narrateur, assis à une table dans un bâtiment public à Wemindji, nous parle de la cérémonie. Il baisse les yeux vers la table, puis les lève vers le ciel en choisissant ses mots.
Il y a beaucoup de choses à apprendre quand on regarde la cérémonie. Moi aussi, quand je regarde un enfant à sa première sortie, je me souviens de tout et j’espère que les parents continueront à enseigner de cette façon. Un jour, quand les enfants seront plus âgés, ils devront commencer à apprendre par eux-mêmes.
Fred lève les yeux avec un sourire. Il lève un doigt pour faire valoir son dernier point et regarde la caméra pour conclure.
Ils apprendront par eux-mêmes comment les Cris voient la terre, les animaux et la vie.
Ils apprendront ce qui doit être fait — et comment le faire pour mener une bonne vie.