Sur la route : l’histoire de Frank
Frank Atsynia, chef adjoint de Wemindji de 2014 à 2017, voyage beaucoup. Il nous parle de la route de la Baie-James :
Je me déplace pour le travail, 5 ou 10 jours à la fois, en passant par la route vers Ottawa, Montréal et Val-d’Or surtout, et à Chisasibi. Je conduis aussi mes enfants à leurs tournois dans d’autres communautés de la nation crie les fins de semaine, peut-être deux fois par mois. Ça ne me dérange pas de parcourir des centaines de kilomètres par mois, sauf des fois en hiver. Certaines personnes ici voyagent encore plus que moi.
Panneau de signalisation à l’extrémité sud de la route de la Baie-James à la sortie de la ville de Matagami.
La route de la Baie-James est longue et isolée. Elle est difficile, mais c’est un bon moment pour réfléchir. Je pense que je me parle beaucoup et puis à la fin de ma route, le stress a disparu et j’ai de nouvelles idées. C’est le côté positif de conduire sur la route. Ensuite, il y a les bosses et les nids de poule, toujours là pour vous garder éveillé et alerte.
Je n’ai jamais vu Bigfoot, mais je vois des animaux – ours, caribous, renards, lagopède, orignaux – et les personnes qui prennent souvent la route. Un jour, un gars me signalait. Je pensais que c’était une urgence, mais il voulait juste une cigarette, il n’avait pas fumé depuis deux jours. Alors j’ai dit, tu vas devoir tenir le coup trois jours !
Les Cris voyagent plus que quiconque, c’est bien connu. Certaines personnes vont même aux États-Unis pour faire leurs achats de Noël ! Ma femme suggère parfois de conduire au sud pour faire des courses. Nous avons un magasin ici. Ce n’est pas nécessaire de parcourir 785 kilomètres pour se nourrir, mais les gens aiment sortir de temps en temps.
Moi, je dis qu’on devrait prendre une marche, ou aller dans un camp, essayer la raquette de nouveau. Ce genre de déplacement vous garde en bonne santé.
Cette carte pointant vers le sud indique les distances par route (lignes rouges) de Wemindji aux villes cries les plus proches.