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Bijoux et produits de luxe français : Antonio Joseph

Paysage de rue en couleurs. Bâtiment gris avec des fenêtres blanches et des touches de bleu. En haut de l’immeuble, on peut lire A. Joseph & Son, et une enseigne de Subway se trouve au-dessus de l’entrée principale. Une autre maison en rangée grise est attenante sur la gauche. À droite de l’immeuble se trouvent un lampadaire, des feux de circulation et une route qui est perpendiculaire à l’immeuble.

Bâtiment de A. Joseph et fils, rue Water, à St. John’s. 2021.


Au cours des 110 dernières années, le bâtiment du 338, rue Water à St. John’s est resté remarquablement inchangé. Il est situé à l’entrée de l’actuel quartier des spectacles de la ville, à l’angle des rues Water et Adelaide. Il s’agit d’une structure en béton de trois étages, portant fièrement sur sa corniche l’inscription « A. Joseph & Son, erected 1912 » (A. Joseph et fils, construit en 1912).

Aujourd’hui, peu de gens connaissent l’identité du constructeur et propriétaire. Plus rares encore sont ceux qui devineraient qu’il s’agit d’un immigrant libanais. Dans son pays d’adoption, Terre-Neuve, il s’appelait Antonio Joseph, mais son nom de famille était inscrit comme « Chalate ». Antonio et sa femme, Marie Gaultois, ont été parmi les premiers membres de la communauté libanaise à venir à Terre-Neuve au milieu et à la fin des années 1880. Leur seul enfant, Dufie Joseph, est né en février 1892.

Portrait sépia. Une femme portant une robe sombre tient un bébé portant des vêtements clairs, à côté d’un homme portant un costume et un manteau sombres.

Marie, Dufie, et Antonio Joseph. Vers 1894.

Le premier commerce d’Antonio se trouvait sur la rue New Gower, où il vendait « des lignes complètes de bijoux et de produits de luxe français ». Il voyageait souvent pour ses affaires. Homme d’affaires confiant, il était une personnalité haute en couleur au sein de la communauté libanaise de Terre-Neuve. Dans une lettre du 16 mai 1906 adressée au rédacteur en chef du Western Star, il prend la défense des immigrants libanais en ces termes :

Certains d’entre nous sont dans ce pays depuis dix-sept ans, et c’est grâce à notre courage et à notre persévérance que nous sommes parvenus aux positions que nous occupons aujourd’hui. Il est vrai que nous avons gagné de l’argent ici, mais nous ne l’avons pas gardé pour nous. Nous avons investi dans des exploitations minières, des puits de pétrole, des pêcheries, des exploitations forestières et bien d’autres entreprises coloniales.

Photo d’extérieur en noir et blanc. Grand bâtiment de deux étages en arrière-plan avec un balcon au centre et une grande baie vitrée à droite. Deux femmes en jupe et en robe, deux jeunes garçons et un homme plus âgé en costume se tiennent sur les marches du bâtiment. Il y a une clôture autour du bâtiment, et devant les marches se trouvent des rails de chemin de fer.

Le British North American Hotel de la famille Joseph, Humbermouth, Terre-Neuve. Vers le début des années 1900.


Vers 1899, il déplace ses principales activités commerciales dans l’ouest de Terre-Neuve. À Humbermouth, où la ligne de chemin de fer de Terre-Neuve avait été achevée en 1895, il construit un grand hôtel, le « British North American Hotel », qui connut un grand succès. Il le dirige avec sa femme et son fils jusqu’à sa mort prématurée survenue le 31 mai 1913, à l’âge de 55 ans.

L’Evening Telegram rapporte qu’« il a été le pionnier de la colonie syrienne à Terre-Neuve et était un homme très connu et très respecté »

Comme le montre l’inscription sur l’immeuble du 338, rue Water, la construction de l’immeuble s’est achevée l’année précédant la mort d’Antonio. Le bâtiment constitue un héritage durable à son nom.