Les Libanais arrivent à Terre-Neuve
Terre-Neuve-et-Labrador accueille des gens de diverses cultures. Les premiers immigrants libanais sont fort probablement arrivés à Terre-Neuve dans les années 1880. À l’époque, le Liban n’était pas un pays souverain. Il faisait partie d’une province syrienne plus grande, sous le contrôle de l’Empire ottoman.
La plupart des immigrants venus en Amérique du Nord étaient des chrétiens et chrétiennes maronites originaires de la région du Mont-Liban. Ces personnes ont quitté le Liban pour échapper à la conscription militaire et aux persécutions religieuses. Bon nombre de membres de cette communauté terre-neuvienne d’origine libanaise venaient des environs de la petite ville de montagne Hadath El Jebbeh.
Certaines familles se sont installées sur la côte est des États-Unis et dans les Maritimes. De là, quelques-unes sont venues à Terre-Neuve. Les réseaux familiaux ont permis aux immigrants de tisser des liens commerciaux, sociaux et de transport dans cette vaste région.
À Terre-Neuve, l’immigration libanaise commence avec des marchands ambulants, qui étaient souvent basés en Nouvelle-Écosse. Ces marchands parcouraient l’île pour vendre des vêtements et des articles ménagers. Leurs périples les ont menés jusqu’aux endroits les plus reculés de Terre-Neuve. Un marchand ambulant maronite travaillait déjà dans la région de Codroy en 1884, et un autre travaillait à Green Bay en 1889. Dans les années 1890, une petite communauté libanaise se forme à St. John’s. Certains membres de cette communauté faisaient encore de la vente ambulante, mais au milieu de la décennie, plusieurs personnes tiennent plutôt des commerces.
Dans cette vidéo, Lorraine Michael évoque ses souvenirs d’enfance au sein de la communauté libanaise de la rue New Gower à St. John’s (T.-N.-L.). Visionnez cette vidéo pour découvrir des informations complémentaires (FR).
À Terre-Neuve, on désigne les immigrants libanais comme des Syriens, Assyriens, maronites ou Turcs. En 1920, le Liban devient souverain, indépendant de l’autorité turque.
À cette époque, la communauté libanaise est présente d’un bout à l’autre de Terre-Neuve, où des commerces libanais s’ouvrent dans le centre et l’ouest de l’île.
St. John’s, l’île Bell, Botwood, Windsor, Corner Brook et Stephenville abritent toutes bon nombre d’entreprises appartenant à des Libanais. On y trouve notamment des magasins généraux et des merceries, ainsi que des restaurants, une salle de danse, des confiseries, un studio de photographie, un théâtre et au moins deux hôtels. Michael Basha, fils d’immigrants libanais, était le propriétaire et l’exploitant de l’entreprise Bay of Islands Light and Power.
Les voyages et les affaires avec la communauté libanaise hors des frontières de Terre-Neuve se poursuivent également. Certaines personnes retournent au Liban pour rendre visite à leur famille ou trouver un époux ou une épouse, et les liens entre le Liban et la diaspora libanaise demeurent forts tout au long du 20e siècle. Une grande partie des échanges se fait avec l’importante communauté libanaise installée en Nouvelle-Écosse, car le gouvernement de Terre-Neuve avait alors une politique d’immigration stricte qui a limité l’immigration en provenance du Liban du début des années 1900 jusqu’en 1949.
Malgré cette restriction, le début et le milieu des années 1900 ont vu l’établissement de nombreuses entreprises libanaises dans toute la province, avec une concentration particulière dans le centre-ville de St. John’s où la communauté s’est regroupée pour vivre et travailler en étroite proximité.