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Terre-Neuviennes indépendantes d’origine libanaise : l’histoire de Julia al-Ghossain et ses filles

Portrait sépia d’une femme aux cheveux et aux yeux foncés portant des vêtements sombres. La femme a les cheveux relevés et est assise sur une chaise. Elle est au centre de la photo qui est de forme ovale, bien qu’il y ait quelqu’un à côté d’elle.

Julia Al-Ghossain.

Julia Younis al-Ghossain (1847-1918) fait partie de la première génération de personnes ayant immigré du Liban pour s’installer à Terre-Neuve dans les années 1890. Julia était la veuve de George al-Ghossain, avec qui elle a eu trois filles, Howa, Marina et Annie, et deux fils, Andrew et George.

Depuis au moins 1904, et jusqu’à sa mort en 1918, Julia a tenu une pension de famille au 402, rue Water, à St. John’s. Sa pension était un endroit animé et un lieu de rencontre pour les pensionnaires et la communauté libanaise. Bon nombre de ses pensionnaires étaient des marins, notamment ceux qui étaient blessés ou malades et avaient besoin d’un endroit pour récupérer avant leur prochain voyage en mer. Les listes d’équipage originales de l’époque indiquent l’adresse de Julia comme résidence de nombreux marins, dont des Suédois, des Norvégiens, des Américains et des Danois.

Paysage de rue en noir et blanc. Une rue et des trottoirs enneigés avec des maisons en rangée et des maisons attenantes en pierre et en briques ainsi que des poteaux électriques de chaque côté de la rue. Une douzaine de personnes se trouvent sur le trottoir. Il y a un homme dans la rue sur le côté droit à l’avant- plan de la photo. Un autre homme se trouve sur le côté droit de la rue, menant un cheval. Un chasse-neige déblaie le côté gauche de la rue.

Magasin et pension de Julia al-Ghossain sur la droite. 402, rue Water, à St. John’s. Vers 1904


Un article de journal datant de 1908 témoigne du caractère unique des événements qui se sont déroulés au 402, rue Water. Lors d’une fusillade malheureuse survenue au cours d’une partie de cartes, la courageuse Annie a poursuivi l’agresseur et « l’a attrapé par le col, et ce n’est qu’après avoir déchiré sa chemise qu’il s’est dégagé de son emprise. » Elle a continué à le suivre jusqu’à ce qu’elle trouve un policier.

Les fils de Julia, George et Andrew, ont fini par quitter la province et, malheureusement, le contact avec eux a été perdu. La lignée matriarcale de Julia s’est poursuivie à Terre-Neuve-et-Labrador grâce à ses trois filles.

Un trait commun se dégage de bon nombre de ces femmes : la capacité à concilier le veuvage et la monoparentalité avec l’exploitation d’une petite entreprise. Howa a épousé Michael Daniels, dont elle a eu deux enfants avant qu’il décède en 1905. Elle a épousé en seconde noce Stephen Fitzpatrick en 1908 avec qui elle a eu une fille. Marina Joseph a épousé Mansour Joseph. En 1925, Marina était veuve et tenait une confiserie au 184, rue Gower.

Portrait en noir et blanc d’une femme aux cheveux et aux yeux foncés, portant des vêtements sombres et un collier avec pendentif en forme de fleur et ayant les cheveux relevés.

Annie (née Gossine) Ringman.

Annie George aidait Julia dans son magasin et sa pension de famille. Elle a commencé comme marchande ambulante, en emportant ses paquets à bord du train et voyageant à l’extérieur de la ville pour vendre divers articles. Elle épouse Axel Ringman en 1920 avec qui elle a deux enfants. Annie devient veuve en 1923 lorsqu’Axel, un marin suédois, disparaît en mer. Annie a poursuivi ses activités au 402, rue Water jusqu’en 1936, avant de déménager et de tenir un magasin au 23, rue New Gower. Comme beaucoup de membres de sa famille et de commerçants du quartier, elle a été déplacée au milieu des années 1960, lorsque les propriétés de la rue New Gower ont été rachetées dans le cadre du programme de rénovation urbaine de la ville.