Les débuts d’une grande lignée
En Nouvelle-France, Michel LePailleur ouvre les voies du notariat
C’est avec l’arrivée de Michel LePailleur en Nouvelle-France que l’histoire de cette lignée commence. Fils de Jean LePailleur et de Marie de Lamotte, il voit le jour dans la région parisienne, en France, vers 1663. Il fait son entrée dans le Nouveau Monde en 1679, alors qu’il est âgé d’environ 15 ans. Était-il seul ou accompagné? Nous ne le savons toujours pas.
À l’âge de 25 ans, il épouse la veuve Catherine Gertrude Jérémie, fille de Noël Jérémie, dit Lamontagne de Québec. Leur famille s’agrandit rapidement quand, en août de l’année suivante, leur fille Catherine vient au monde. Elle est la première d’une dizaine d’enfants à voir le jour. Ceux qui atteindront l’âge adulte assureront une lignée prospère à leur père.
De 1696 à 1701, Michel LePailleur, maintenant sieur de Laferté, pratique la profession d’huissier du Conseil souverain, c’est-à-dire qu’il veille à l’exécution des décisions prises par le Conseil souverain, tribunal d’appel en matière civile et criminelle.
L’année d’après, LePailleur se voit nommé notaire royal par Louis XIV, roi de France, et la famille déménage à Montréal. Parallèlement à son travail notarial, il tient le poste de concierge de prison, ancienne façon de nommer les gardiens. Mais ses engagements ne s’arrêtent pas là. Il exerce en alternance, et parfois en parallèle, les charges de juge-sénéchal, de greffier, de procureur substitut et de lieutenant général civil et criminel (magistrat) par intérim.
LePailleur occupe son poste de notaire royal et celui de gardien de prison jusqu’en 1730, quand sa retraite est précipitée par un scandale. En effet, alors qu’il est geôlier à Montréal, trois prisonniers condamnés à mort s’enfuient pendant qu’il est de garde. Soupçonné de complicité, il est lui-même fait prisonnier pour être libéré quelques mois plus tard, à la suite de plusieurs témoignages en sa faveur. À la demande de l’intendant Hocquart, le dossier est effacé des registres des prisons, mais nous en trouvons encore des traces dans les archives.
Michel LePailleur meurt à Montréal en 1733, à l’âge avancé (pour l’époque) d’environ 70 ans. En plus de son legs dans le milieu juridique et administratif, il laisse en héritage à son pays d’adoption une descendance qui suivra fièrement ses traces en devenant notaire ou huissier ou encore en exerçant une profession accessible aux hommes scolarisés.