Extraits du journal de LePailleur
Source: Journal d’un patriote exilé en Australie 1839-1845, publié aux Éditions Septentrion
Transcription:
Chère Domitilde, si j’écris ce petit mémoire-ci, c’est pour avoir le plaisir de te rappeler en partie ce qui s’est passé dans mon exil, car sans toi je n’aurais jamais pris la peine de tenir un mémoire.
(29 mai 1840) Il a fait une forte gelée, la nuit dernière. Il a gelé à glace. Dans une cuvette, la glace était de l’épaisseur d’une vitre. On pâtit beaucoup, la nuit, par le froid ; on n’a qu’une méchante couverte pout tout abri et nos cabanes sont mal closes.
(21 décembre 1840) Voilà aujourd’hui deux ans, à neuf heures et demie, que mon cher Cardinal et Duquette ont été exécutés, et moi bien en danger de l’être. J’écris ceci avec la même peine que j’avais il y a deux ans. Quoique bien éloigné de ma famille, je ne l’oublie pas et j’y pense continuellement, nuit et jour. Si je suis éloigné de corps, je ne le suis pas d’esprit.
(1er mai 1841) Et j’ai vu chez lui un animal du pays qui est un kangourou. Il est de la grosseur d’un gros chien, les pattes de derrière trois fois plus longues que celles de devant, avec une grande queue et d’un poil de souris.