Sage-femme
Source: Livre Der schwangeren Frauen und Hebammen Rosegarten (Le jardin de roses des femmes enceintes et des sages-femmes)
Auteur: Euchaire Rösslin (1470 – 1526)
Officiellement reconnue par le gouvernement du Québec en 1998, la profession de sage-femme a largement contribué au développement culturel et social de la province, et ce, depuis les débuts de la colonisation. Les sages-femmes accompagnent les mères pendant la grossesse et l’accouchement ainsi que durant les premiers mois postnataux. À l’époque, une femme peut s’attendre à vivre plusieurs grossesses et, outre les douleurs liées au processus, les fausses-couches sont récurrentes et les complications mènent parfois à la mort de la mère. On craint que la période d’accouchement ne soit assombrie par le deuil.
Le 18e siècle voit la popularisation du chirurgien-accoucheur, mais tous les parents ne peuvent s’offrir les soins de ce spécialiste. On continue donc de recourir aux sages-femmes dans les zones rurales, où elles tiennent un rôle prépondérant jusqu’au tournant des années 1960. Leurs services sont essentiels à la société. Ce métier traditionnel est par la suite dévalorisé au profit de la médecine moderne; de plus en plus de femmes souhaitent accoucher en présence d’un obstétricien ou d’un chirurgien plutôt que d’une sage-femme.
Toutefois, au cours des années 1970, on voit l’intérêt pour les sages-femmes renaître alors que les féministes et, plus largement les femmes, s’interrogent sur la maternité, les accouchements et les soins obstétriques modernes. Des milliers de personnes à travers le monde se penchent sur la question « de l’humanisation des soins en périnatalité ». On cherche, entre autres, à répondre aux problèmes grandissants liés à la pauvreté, à la malnutrition, aux naissances prématurées, etc. La figure de la sage-femme inspire de nouveau confiance, elle est rassurante.
Parmi les pays industrialisés, le Canada est l’un des seuls qui ne légalisent pas la profession de sage-femme dans les années 1980. Les provinces, elles, emploient diverses approches. Au Québec, on favorise « l’expérimentation de la pratique » dans quelques projets pilotes. Cela est dû, entre autres, à une réticence du corps médical, qui voit dans cette profession une concurrence aux médecins de famille, en plus de craindre une formation autodidacte qui ne saurait pas répondre aux normes de santé en vigueur. De leur côté, les sages-femmes s’intègrent peu au système de santé, ce qui crée des dissensions. La profession est finalement reconnue en 1998 et aujourd’hui, il existe un ordre des sages-femmes du Québec.
Ce métier ancestral attise encore la curiosité et a de quoi plaire aux (nouvelles et anciennes) mamans par son approche personnelle et l’accompagnement de longue durée.