Au coeur d’un legs
Vicky Laprade à la Maison LePailleur, automne 2022
Source: Maison LePailleur
Réalisation: Productions du 3 juin
Transcription descriptive:
La caméra cadre l’historienne Vicky Laprade assise dans l’escalier de meunier au grenier de la Maison LePailleur. Des illustrations et photos de documents ponctuent ses explications.
Écran noir avec une bordure dorée avec le titre Au cœur d’un legs
Dans son testament solennel daté du 14 décembre 1829, François-Georges LePailleur fait de son épouse Josephte Daigneault sa légataire universelle.
Insertion d’une copie du testament de François-Georges LePailleur
Donc quand il décède en 1834, Josephte hérite de l’ensemble de ses biens, y compris de sa terre.
Insertion de la photographie sépia de Josephte Daigneault à un âge avancé.
Alors ce qu’il faut savoir c’est qu’à l’époque les veuves et les femmes célibataires sont celles qui jouissent de la plus grande autonomie juridique et administrative puisque les épouses sont soumises à l’autorité de leur mari.
Retour sur Vicky.
Au Québec, le droit des épouses va évoluer très lentement. Il va par exemple falloir attendre 1931 pour qu’elles aient le droit d’acquérir leurs salaires indépendamment de leurs époux. Il va falloir attendre encore 1964 pour qu’elles puissent administrer l’ensemble de leurs biens comme peut le faire une femme célibataire. En comparaison, en Ontario, ces droits-là sont acquis respectivement en 1872 et 1884. Cela dit, les épouses du Québec jouissent d’une situation légale et patrimoniale plutôt enviable du fait qu’elles ont hérité d’outils juridiques de l’ancien régime comme la communauté de biens et le douaire coutumier. Le douaire coutumier va permettre d’assurer une certaine subsistance aux veuves. Donc, par exemple, si l’époux possédait un hôtel particulier avant le mariage, et bien, l’épouse n’en deviendra pas propriétaire mais elle va néanmoins pouvoir percevoir les sommes. Donc on comprend que les épouses ont une certaine autonomie qui est assez enviable dans la société mais cette autonomie là va varier selon les dispositions prises dans le contrat de mariage et dans le testament. Alors, à supposer qu’il y ait un remariage ou pas d’enfants, certaines dispositions vont être appelées à changer. Alors Josephte Daigneault en tant que veuve et en sa qualité de légataire universelle dispose d’une grande autonomie. Elle peut disposer de ses biens, elle peut les vendre, elle peut les léguer, etc.
Insertion d’une copie d’un contrat passé entre Josephte Daigneault et sa fille Catherine LePailleur
et elle va se prévaloir de ces droits là en 1842 lorsqu’elle vend à sa fille ainée, Luce Catherine LePailleur un lopin de terre pour la somme de 50 livres. Catherine étant célibataire au moment de la transaction, elle jouit elle aussi d’une certaine liberté, c’est ce qui va permettre aux deux femmes de faire ce contrat-là ensemble.
Retour sur Vicky
On voit d’ailleurs quand on lit le contrat que Catherine reçoit une dot en fait. Donc en février de la même année, Catherine va marier Richard Houle et à partir de ce moment-là elle cesse de signer des papiers et l’administration de ses biens vient aux mains de son mari.
Insertion d’une photographie noir et blanc de la Maison Gravel dans les années 50. La rivière Châteauguay devant elle.
Ce qui est intéressant par contre c’es que Catherine va faire bâtir une maison sur le lopin de terre et c’est la Maison Gravel dont on peut aujourd’hui visiter les ruines consolidées.