Daryl Minnabarriet parle du deuxième mariage de son arrière-grand-père
Entrevue réalisée par Maurice Guibord, Spences Bridge, CB, août 2019. Pour lire les sous-titres en FR ou en AN, cliquer sur la roue dentée au bas de l’écran pendant que la vidéo est en marche.
Daryl Minnabarriet (1947- ) est l’enfant unique de Louis Joseph « Joe » Minnabarriet (1911-1981) et de Florence Marie Minnabarriet (née Lafleur, 1923-2001). Le père de Daryl était le quatrième des six enfants de Louis Joseph Antoine Globe Minaberriet (1868-1941) et de Nancy Frances (1877-1970), d’ascendance Nlaka’pamux et Nez-percé et originaire de P’ukaist.
Transcription:
« C’était la coutume, à l’époque, pour les Européens de se mettre en ménage avec des femmes autochtones. Il n’y avait pas de femmes blanches, car elles se trouvaient dans l’est du Canada ou dans le pays d’origine. C’est comme ça que ça se passait. Mon arrière-grand-père [Louis Joseph Antoine Claude Minaberriet], un Basque français, prit une femme autochtone. On les appelait les « épouses du pays ». Elles n’étaient pas épousées. C’était une union de fait. Bien sûr, ils avaient des enfants. Mon grand-père était donc issu de ce type de situation. À l’époque, si on avait l’occasion d’épouser une femme blanche, c’est ce qu’on faisait. Mon grand-père est donc devenu relativement riche, son ranch était prospère. Il a trouvé de l’or sur sa propre propriété, et il est devenu assez riche. Quand c’est ce qui arrivait, on retournait dans son pays d’origine. C’est ce qu’a fait mon arrière-grand-père. Nous avons des articles de journaux indiquant qu’il est parti. Mais avant de s’en aller, il a trouvé une autre femme, une Basque française beaucoup plus jeune que lui, l’a épousée et a eu des enfants d’elle, au Basque Ranch au nord de Spences Bridge. Je ne sais pas trop comment ma grand-mère autochtone [Nancy Frances] a coexisté avec une femme blanche. La notion de bigamie ou de polygamie existait, mais il n’était pas rare pour les Blancs de faire ce genre de choses. Ça m’a toujours dérangé que mon grand-père ait pu partir en laissant ainsi sa femme et son enfant autochtones. Ça ne me plaît pas, qu’un homme fasse ça. C’était courant de le faire, c’était accepté. Dans la société d’aujourd’hui, nous le désapprouvons, mais à l’époque, c’était une pratique plus ou moins acceptée. Je n’aime pas ça, mais je ne peux rien y changer. C’est comme ça, alors je dois en prendre mon parti. Mais il faut que je dise une chose pour défendre mon grand-père. C’était un homme de son époque et il a envoyé mon grand-père [Louis Joseph Antoine Globe] dans une école de métiers. Il est devenu ainsi charpentier et forgeron. Il ne s’est pas contenté de le laisser tomber sans un plan de secours. Ainsi, il savait que mon grand-père pourrait se rabattre sur un métier pour survivre. Il y a une grange au Basque Ranch qui tient encore debout, qui a été construite par mon grand-père. Elle devrait être répertoriée dans les lieux patrimoniaux de la Colombie-Britannique. Les fondations commencent à se détériorer et j’ai peur qu’elle s’écroule, mais elle est toujours là. Quand on voit la qualité du travail de cette grange, qui est grande, très bien construite pour résister à l’épreuve du temps, je sais ainsi que c’était un bon charpentier. Elle témoigne de son talent. »