l’Attrait du Bas Saint Laurent: la villa Les Rochers
Vidéo réalisée par Karen Molson pour l’Héritage canadien du Québec.
Assistants à la production: Jacques Archambault, Julie Rouette Hope, Elisabeth Skelly.
Informateurs : Gael Eakin, artiste, et une petite-fille de Herbert Symington; Desmond Morton, PhD., professeur retraité, historien et auteur; Jeannine Ouellet, maître généalogiste agréée, auteure et historienne; and Alexander Reford, président, Héritage Bas-Saint-Laurent, historien, auteur et directeur général, Les Jardins de Métis.
Date : juin et juillet 2017
Lieu : Villa Les Rochers à Saint-Patrice, Québec
Pièce musicale de piano : Vivianne LaRivière.
Crédits pour les photos : Musée McCord, à Bibliothèque et Archives Canada, au Musée du Bas-St-Laurent, à la Société d’histoire et de généalogie de Rivière-du-Loup, Mardjane Amin, Karen Molson, Winnifred Molson, Cynthia Coristine, Ian Coristine, Phil Carter, et Matthew Farfan.
Transcription de « l’Attrait du Bas-Saint-Laurent: la villa Les Rochers », un documentaire audiovisuel constitué de quatre interviews en alternance avec des séquences de films et un montage de photos d’archives.
Séquence film couleur du fleuve Saint-Laurent sur fond musical de piano, montrant une vue panoramique sur les vagues et les rivages lointains, observés depuis le pont d’un traversier. Au fur et à mesure que la musique s’atténue, la caméra pointe vers le ciel bleu nuageux et suit le vol d’un goéland argenté au-dessus du rivage. Vue rapprochée sur le rivage, une étendue sablonneuse baignée de vagues déferlantes.
Alexander Reford est assis à une petite table en bois à l’intérieur d’une véranda vitrée éclairée de la lumière naturelle du jour.
[Alexander Reford] Le Bas-Saint-Laurent est une région qui s’étend aujourd’hui de La Pocatière vers l’est en direction des Méchins. Son appellation est en quelque sorte un régionyme décrivant la région située en aval du Québec. L’estuaire s’incurve largement lorsqu’on descend le fleuve et si l’on se dirige vers l’est, on pourra admirer le paysage vallonné de collines et de magnifiques terres agricoles longeant le fleuve. Le vaste sentier maritime du Saint-Laurent permet de pratiquer de nombreuses activités nautiques.
Image d’archives noir et blanc d’une carte du golfe du Saint-Laurent et de ses rives; la caméra fait un zoom avant vers la rive sud, près de Rivière-du-Loup, suivie d’une séquence film couleur de Rivière-du-Loup vue du fleuve.
[A.R.] C’est une région riche en ressources agricoles et forestières, bien que l’activité touristique y soit peu développée en raison de sa situation géographique éloignée, ce qui lui confère un attrait particulier pour certains vacanciers qui apprécient ce lieu paisible, propice à la détente où ils se plaisent à séjourner durant la saison estivale en bordure du fleuve.
Séquence film couleur de champs de foin labourés, suivie d’un plan large du fleuve au loin duquel on aperçoit un ferry. Photo noir et blanc de terres agricoles ceinturées de clôtures, suivie d’une photo noir et blanc d’un «canot de la rive nord» sur le fleuve, trois femmes et deux hommes à son bord, vêtus élégamment, regardant la caméra, un voilier aux mâts abaissés amarré à mi-distance derrière eux. Photo noir et blanc montrant une vingtaine de personnes, enfants et adultes, vêtus de longues tenues pour la plage et coiffés de chapeaux, certains dans l’eau peu profonde, d’autres dans des canoës derrière eux. Photo noir et blanc d’un groupe de onze personnes -femmes, hommes, enfants- accompagnés d’un chien assis sur un rivage. Photo noir et blanc d’une longue plage bordée de cabines de bain, des baigneurs en bordure de l’eau et des enfants coiffés de chapeaux à larges bords jouant dans le sable au premier plan.
Séquence film couleur montrant un affleurement rocheux surplombant le fleuve, fleuri de marguerites ondulant au gré du vent.
Madame Jeannine Ouellet est assise sur une chaise devant une cheminée à manteau en bois peinte de couleur jaune.
[Jeannine Ouellet] Il semble que certains médecins conseillaient de venir sur les rives du fleuve ici ; le fleuve est quand même assez large, au-delà vingt kilometres. On disait que l’air était pur. D’abord la population était moins élevée que dans la villes…
Image en noir et blanc d’une jeune femme debout vue de dos et de cinq jeunes hommes assis sur un quai, dos à la caméra, regardant le paysage fluvial devant eux.
[J.O.] Je sais entre autres que Monsieur Bate et John A. Macdonald aimaient bien quitter Ottawa l’été parce qu’ils savaient qu’ici l’air était … c’était plus facile de vivre, les chaleurs étaient moins… en bordure du fleuve, c’est toujours un peu plus frais, et l’air est pur.
Photo studio noir et blanc de Sir H.N. Bate, suivie d’une photo studio noir et blanc de J.A. Macdonald. Photo aux tons sépia de la famille Bate posant devant leur maison en arrière-plan; photo noir et blanc d’une rangée de grands arbres longeant une plage de sable et son rivage.
Séquence film couleur de rosiers sauvages ondulant au gré du vent sur une plage sablonneuse jonchée de branchages et parsemée d’herbes vertes.
[A.R.] Cette région a donné naissance à toute une communauté d’estivants.
Photo noir et blanc d’une publicité publiée dans un journal, annonçant les croisières en bateau à vapeur de Cacouna à Murray Bay; photo noir et blanc de quatre femmes et d’un enfant vêtus de chapeaux, debout ou accroupis dans l’eau en bordure de la plage, des cottages d’été visibles à l’arrière-plan; photo sépia de quatre enfants tous souriants, debout les pieds dans une eau peu profonde, vêtus de maillots de bain.
[A.R.] Ils sont venus s’installer à Cacouna, à Saint-Patrice, à Notre-Dame-du-Portage, en partie à cause de la proximité de la ville de Québec, mais également parce que le terminus de la ligne de train s’y trouvait.
Photo noir et blanc d’un train arrivant vers le quai d’une gare, en parallèle aux voies de service convergentes; photo noir et blanc d’un train de marchandises vu en plongée, défilant devant une gare et des maisons avoisinantes.
[A.R.] Construit depuis l’est de Montréal, le chemin de fer du Grand Tronc s’arrêtait à Rivière-du-Loup qui était alors un poste de jonction ferroviaire important. C’était la gare terminale de la ligne.
Photo noir et blanc d’un groupe d’une vingtaine de personnes toutes bien mises, assises sur l’herbe pique-niquant; photo noir et blanc de deux garçons vêtus d’un costume de matelot, assis sur un rocher; photo noir et blanc de jeunes filles en tenue de tennis, debout derrière un filet de tennis, raquettes en main, un garçon à bicyclette en avant-plan regardant la caméra. Photo couleur de champs ouverts en bordure du fleuve en arrière-plan; photo couleur d’un rivage rocheux.
[A.R.] Alors si l’envie vous prenait de quitter la ville, si vous aviez les moyens d’offrir à votre famille un séjour dans un spa extérieur, pratiquer quelques activités physiques à l’intérieur d’une communauté pastorale, cette région offrant plusieurs attraits attirait de nombreux vacanciers sur la rive sud du Saint-Laurent.
Vieille carte postale noir et blanc de Rivière-du-Loup vue du fleuve; vieille carte postale colorée à la main montrant un cheval attelé à une charrette avec à son bord des passagers montant un chemin de terre.
[J.O.] La famille Macdonald a acheté la maison en 1882. C’est-à-dire que c’est Lady Agnes qui a acheté la maison en 1882 mais ils l’habitaient déja depuis au moins un été.
Photo noir et blanc d’une petite maison de ferme blanche avec une annexe et d’une propriété avoisinante, une palissade à l’avant-plan.
[J.O.] Alors, comment c’était ici? C’était la vie à la campagne et à cette époque, il n’y avait pas encore l’électricité. Pour l’eau courante, l’aqueduc de Rivière-du-Loup n’existait sûrement pas encore.
Photo couleur d’une petite chambre meublée d’un lit en fer peint et d’un lavabo près d’une fenêtre ; photo couleur d’une étendue de rivage, une rangée d’arbres en arrière-plan sous un ciel bleu nuageux. Photo couleur de bougies allumées sur le rebord d’une fenêtre; photo noir et blanc d’un ancien moulin.
[J.O.] J’ignore s’il y avait un puits derrière la maison ou de quelle façon on procédait pour avoir de l’eau à boire.
Photo noir et blanc de grandes chutes; photo noir et blanc de maisons riveraines en bordure d’un port; photo noir et blanc du port de Rivière-du-Loup, le clocher d’une l’église visible au loin.
Séquence film couleur montrant les cimes d’arbres surplombant le fleuve.
[A.R.] Saint-Patrice était une communauté comme tant d’autres. Les estivants qui venaient y séjourner étaient souvent accompagnés de leur personnel domestique ou de de leurs employés qui les précédaient pour retirer les draps recouvrant le mobilier, épousseter les pièces, aérer la maison avant l’arrivée des propriétaires.
Photo noir et blanc de la résidence d’été à deux étages de Sir Henry Bate, de style victorien, richement décorée; photo noir et blanc d’une grande maison de Saint-Patrice ceinturée d’une clôture; photo noir et blanc du Cottage Lochiel, ses fenêtres fermées; photo noir et blanc de la villa Les Rochers, vue depuis la route, derrière une barrière de cèdre, entourée d’arbres.
[A.R.] Après quoi, les propriétaires emménageaient avec leur famille, entourés de leurs serviteurs chargés de la préparation des repas, de l’entretien de la maison et parfois du jardinage, bref de toutes ces tâches ingrates qui leur incombaient. La vie aisée de ces vacanciers en était une de loisirs.
Photo couleur d’une longue véranda sur laquelle est installée une rangée de chaises blanches; séquence film couleur parcourant le terrain de golf de St-Patrice; photo noir et blanc d’un groupe de jeunes femmes toutes vêtues de blanc, rassemblées autour d’un filet de tennis, leur raquette en main.
[A.R.] On jouait aux cartes sur une véranda comme celle-ci ou on jouait à d’autres jeux, on lisait, on s’adonnait souvent au golf ou au tennis. Les plus aventureux allaient pagayer sur le fleuve en skiff ou en canot.
Photo sépia d’un télégramme de la Great North West Company.
[A.R.] Bien sûr, le télégraphe était opérationnel; les lignes télégraphiques suivant les lignes ferroviaires. Ainsi, les voyageurs, et tout particulièrement les hommes politiques tels que Sir John A. Macdonald qui voyageait souvent en train, étaient tenus informés de l’actualité sur une base régulière.
Aquarelle dépeignant Sir John A. Macdonald, vêtu d’une veste queue-de-pie et d’un gilet, debout dans son cabinet de travail meublé de chaises, d’un bureau et d’une bibliothèque. Peinture de C.W. Jeffries.
Photo couleur du salon de la Villa Les Rochers et de son mobilier d’époque, doté d’une cheminée; photo couleur d’un coin de la véranda où sont installées une chaise et une table ornée d’un pot de fleurs; photo couleur montrant une vue extérieure de la villa et son escalier avant.
Portrait studio noir et blanc de Lady Agnes Macdonald.
[J.O.] Quand John A. Macdonald est arrivé ici avec son épouse et sa fille qui était handicapée, il y avait aussi son beau-frère, le frère de son épouse; évidemment, il y avait avec eux une ou quelques servantes parce qu’ils avaient quand même besoin d’aide, surtout pour leur fille handicapée.
Photo noir et blanc d’une enfant en bas âge (Mary Macdonald) vêtue d’une robe rayée; photo studio noir et blanc d’un homme barbu assis à une table.
[J.O.] John A. Macdonald a eu des secrétaires qui je ne saurais dire qu’ils habitaient la maison même, mais a une certaine époque, John A. Macdonald avait deux secrétaires qui répondaient au courrier. Ce n’était pas tout à fait la vie qu’il menait à Ottawa, mais c’était les vacances mais en même temps le travail. Et il était important qu’il soit bien assisté.
Séquence film aux couleurs changeantes montrant une plage au rivage rocheux et sablonneux jonché d’algues, frappé par les vagues; séquence film couleur d’un plan large d’une plage, un billot de bois sur son rivage rocailleux; séquence film couleur montrant une mouette perchée sur le bord d’une jetée, vocalisant devant le flot des vagues.
[A.R.] Les maisons d’été des communautés riveraines étaient typiquement… je crois qu’on pourrait les qualifier de style rustique d’inspiration ‟shabby chic”. Ce n’était pas le camping mais ce n’était pas non plus la vie dans un hôtel de luxe.
Photo couleur d’un ensemble de canettes de rangement de cuisine vintage, disposées sur une étagère en bois peinte; photo couleur de deux chapeaux de paille suspendus à un porte-manteau contre un mur en bois peint en jaune; photo couleur d’un parasol calé dans un coin.
[J.O.] Ils ont choisi cette région pour la qualité de l’air mais aussi, pour être près de leurs amis et connaissances. À l’époque victorienne, il était bien vu que les gens de la haute société passent leurs vacances d’été avec des gens de leur classe, de sorte qu’ils passaient leurs vacances au sein de leur communauté d’affaires ou paroissiale, bref en terrain connu.
Vieille photo noir et blanc d’un groupe de personnes prenant le thé sur une haute véranda, des femmes assises sur des chaises en osier, coiffées de chapeaux.
[J.O.] Je crois qu’il y avait également ceux qui venaient séjourner dans cette région pour l’attrait qu’exerçait sur eux le milieu canadien-français; non pas pour vivre au sein de cette communauté mais pour créer des liens avec ces gens. Je crois que c’est ce qui explique pourquoi ils parcouraient une si longue distance, loin du confort de leur vie citadine, pour se retrouver dans cette région éloignée qu’ils affectionnaient tant.
Vieille photo noir et blanc d’un chemin de terre bordé de grands arbres ceinturés de clôtures à pointes.
[J.O.] La route qui existe devant, la 132, qui s’appelle maintenu la 132, était un chemin plus étroit à l’époque où les chevaux circulaient, sûrement pas en très grands nombres, mais bon.
Photo noir et blanc d’un chemin de terre avec une ferme à droite, des clôtures en cèdre le long de la route.
[J.O.] Donc, on peut s’imaginer la vie de cette époque. C’est loin, mais en même temps, on peut s’imaginer.
Photo noir et blanc d’une calèche victorienne en bois, dotée d’une porte vitrée et de fenêtres sur les côtés.
Peinture à l’huile en couleur de Sir John A. Macdonald, suivie d’une illustration noir et blanc publiée dans un journal, montrant Sir John A. Macdonald en compagnie de plusieurs hommes attablés autour d’une longue table dressée pour un diner. Caricature en noir et blanc représentant Sir John A. Macdonald, suivie d’une illustration couleur de Sir John A. Macdonald debout sur le balcon d’un wagon, un paysage montagneux en arrière-plan.
[A.R.] Quiconque a étudié l’histoire du Canada sait, comme moi, que Sir John A. fut un personnage marquant mais controversé en raison de ses positions sur un certain nombre de sujets tels que les droits linguistiques canadiens, les écoles autochtones, etc. Néanmoins, il fut un grand fondateur, loin d’être parfait; il n’est pas une figure que nous honorons comme les Américains célèbrent leurs pères fondateurs, mais il fut un grand homme politique, assurément plus éminant que la plupart qui lui ont succédé dans ce bureau.
Photo noir et blanc de Sir John A. et de Lady Agnes Macdonald debout en compagnie d’autres personnes à l’arrière d’un train en arrêt sur un pont surplombant un cours d’eau.
[A.R.] Il avait ses qualités et ses défauts; entre autres, sa dépendance à l’alcool était connue de tous, mais il était un père attentionné. Sa vie familiale était quelque peu perturbée… un fils qui allait bien mais dont il était séparé et sa fille sévèrement handicapée. Alors je pense que la commémoration d’un homme politique de cette envergure s’impose. Après tout, il fut le fondateur de notre fédération, notre nation en tant que confédération. Il était également un homme de vision; il a fondé le Canada non pas comme un état insulaire à la solde de l’Empire britannique, mais comme une nation transcontinentale.
Carte postale colorée à la main montrant une vue en plongée de Rivière-du-Loup; photo noir et blanc de deux enfants debout dans un champ de fleurs sauvages derrière une maison.
[A.R.] Et le fait que Macdonald soit venu d’Ottawa pour s’établir ici révèle qu’il cherchait des façons de combler les écarts évidents entre le Canada anglais et le Canada français.
Photo noir et blanc de quatre jeunes garçons aux pieds nus se tenant debout sur un trottoir en bois, regardant un vélo couché sur le sol.
Photo d’une vieille carte postale colorée à la main de la villa Les Rochers sur un air de cornemuse en sourdine; séquence film couleur de vagues se brisant contre les rochers; aquarelle représentant le fleuve, une colline en arrière-plan et des rochers roses au premier plan.
Madame Gael Eakin est assise à l’extrémité d’un canapé victorien; derrière elle l’une de ses aquarelles accrochée au mur.
[Gael Eakin] Je m’appelle Gael Eakin et j’ai vécu dans cette maison qui était la propriété de mes grand-parents.
Aquarelle de la Villa Les Rochers.
[G.E.] Je pense avoir été la dernière occupante de ce lieu avant qu’il ne soit légué à l’Héritage canadien du Québec.
Photographie noir et blanc de l’extérieur de la villa Les Rochers, un mât dressé sur son terrain avant près duquel est garée une Cadillac des années 1950.
[G.E.] Le Drapeau “Union Jack” flottait sur le mât. Mon grand-père garait son Cadillac juste sous ce mât. Chaque matin, il hissait le drapeau et il l’abaissait le soir venu.
[G.E.] Je suis allée vivre chez mes parents un été, lors de la naissance de mes soeurs. Il n’y avait pas… elles étaient jumelles et il n’y avait pas de chambre pour moi dans la maison.
Photographie noir et blanc de Sir Henry Bate assis sur une chaise dans un jardin, des fleurs derrière lui, v. 1945.
[G.E.] Ainsi, j’ai été confiée à mes grands-parents alors que j’avais 8 ans, en 1949 et j’ai habité avec eux cet été-là.
Photo noir et blanc d’un affleurement rocheux devant la villa Les Rochers, v. 1945
[G.E.] Nous savions tous qu’il s’agissait de la maison de Sir John A.; nous étions conscients de cela.
Photo couleur du salon de la villa Les Rochers (2015); photo couleur de l’escalier dans le hall d’entrée de Les Rochers (2015); séquence film couleur montrant des photos encadrées de Sir John A. Macdonald accrochées au mur vues à travers les fuseaux de l’escalier; séquence film couleur montrant une vue sur le fleuve Saint-Laurent depuis la villa Les Rochers.
[G.E.] Bien sûr, la vue était incomparable; une vue magnifique sur le fleuve Saint-Laurent.
Photo couleur d’une paire de jumelles des années ‘50 posée sur la rampe du côté nord de la véranda de la villa Les Rochers (2017).
[G.E.] On pouvait y observer des bélugas batifoler et au-dessous de la maison il y avait le jardin potager de ma grand-mère.
Photographie couleur d’une petite colline couverte de marguerites et de lupins en-dessous de la villa Les Rochers (2017); photo noir et blanc des jardins sous la véranda de Les Rochers, v. 1945; image couleur de phlox poussant dans un boisé autour d’un amas de rondins de bois de chauffage derrière la maison (2017).
[G.E.] Elle avait également aménagé un jardin devant la propriété en plus d’un jardin potager et tous les jours, elle cueillait des fleurs, créant de beaux arrangements floraux pour décorer la maison.
Photo couleur du canapé au salon (2017); photo couleur du coin petit-déjeuner à l’intérieur de la véranda vitrée (2017); photo noir et blanc du salon Les Rochers, v. 1945.
[G.E.] Le salon était de loin la pièce que l’on préférait. On pouvait y admirer le fleuve; les jours de pluie, on se lovait sur le canapé. C’était une superbe pièce.
[G.E.] Nous nous sommes installés au sous-sol ; je crois que c’était après la mort de mes grands-parents, et il y avait ce lit, un lit trois-quarts, semblable à tous les lits de la maison.
Photo couleur d’un lit en bois peint de couleur bleu; photo noir et blanc de Stadacona Hall, v. 1880.
[G.E.] Sur l’un des pieds étaient inscrits les nom et adresse de Sir John A. à Ottawa. Nous n’y avons pas prêté attention, laissant ces inscriptions en place. Je suppose qu’il a été déménagé dans cette pièce et qu’il n’a pas été utilisé pendant de nombreuses années. Ce n’est qu’après que le lieu ait été transformé en Gîte du Passant que le lit a pris une toute autre importance.
Séquence film couleur panoramique sur l’enseigne affichant la villa Les Rochers comme la « Résidence d’été de Sir John A. Macdonald » transformée en gîte B&B (2017); gros plan noir et blanc d’une coupure de journal de 1981 annonçant l’acquisition de la villa Les Rochers par l’Héritage canadien du Québec.
[G.E.] Lorsque nous étions jeunes, mes parents avaient l’habitude de dîner chez mes grands-parents tous les soirs, alors que nous, les enfants, nous prenions notre repas du midi dans la cuisine. Nous n’étions pas autorisés à circuler dans les autres pièces de la maison.
Photo couleur d’un vieux poêle à bois dans la cuisine de Les Rochers
[G.E.] Lorsque je vivais dans la maison avec mes quatre enfants, je cohabitais avec ma belle-sœur et ses trois enfants. C’était une véritable cohue, comme vous pouvez l’imaginer. Les enfants s’amusaient; ils jouaient dans la salle à manger, chose qui ne nous était jamais permise lorsque nous étions enfants. Un jour, ils ont placé un jeu sur le dessus du buffet. Nous avions un marchepied de cuisine sur lequel ils pouvaient grimper et ils ont installé un jeu sur le meuble. Si ma mère avait découvert cela, nous aurions passé un mauvais quart d’heure!
Photo aux tons sépia du buffet de la salle à manger à Les Rochers, un marchepied de cuisine installé à côté (2017); photo noir et blanc des membres de la famille Bate posant sur les marches de leur résidence d’été à St-Patrice; photo noir et blanc de Sir Henry Bate en compagnie de son épouse, de sa fille et de sa petite-fille.
[G.E.] Nous avions la possibilité de nous baigner à deux endroits. L’un d’eux était situé en bas de Shady Lane, près de la maison de Sir Henry Bate. On traversait le champ pour descendre sur la plage mais la baignade n’était pas agréable car le rivage était très rocailleux et couvert d’herbes marines.
Séquence film couleur de « Shady Lane » en 2017; photo couleur d’un grand affleurement rocheux sur la plage sous les cottages (2017); photo couleur d’herbes marines à proximité (2017).
[G.E.] Alors nous nous dirigions dans la direction opposée, vers la maison des Thompsons, nos cousins. Nous descendions la route où était situé le club de golf et nous allions nous baigner là-bas.
Photo couleur d’un sentier alternatif longeant la plage (2017); photo couleur d’une aire sablonneuse de la plage montrant de gros rochers.
[G.E.] Je crois que Lady Macdonald a peint la plupart de ses aquarelles à cet endroit car il offrait des vues imprenables sur Rivière-Du-Loup, Notre-Dame-du-Portage, l’île Pilgrim et Meredith Island.
Deux aquarelles couleur de scènes du Saint-Laurent vues depuis St-Patrice, peintes par Lady Macdonald en 1880.
Le professeur Morton est assis dans un fauteuil ailé à côté d’une table sur laquelle sont déposés des livres de références d’archives.
[Desmond Morton] Les Rochers est une résidence d’envergure, ayant abrité un personnage d’envergure, auquel nous devons la fondation d’un pays, le Canada.
[J.O.] Bien, c’est un honneur pour moi d’être assise dans le salon de Sir John A. Macdonald, bien sûr. On retourne quand même de plusieurs années auparavant. Quand on connait l’histoire de cet homme qui a fait de grandes choses, c’est toujours assez impressionnant d’être sur place et de se remémorer ce qu’on a appris et c’est intéressant aussi de le partager avec les autres.
[A.R.] Il était un homme fascinant, dont la vie n’était pas banale. Il a accompli de grandes choses et il a passé beaucoup de temps ici à réfléchir longuement aux moyens à prendre pour faire du Canada un meilleur pays.
[D.M.] Au fil des années, beaucoup de choses ont changé, et bien souvent, sans que l’on s’en rende compte. Mais je crois que la restauration de la villa Les Rochers a clairement démontré que Sir John A. Macdonald – qui n’était pas un homme riche, mais qui était à l’aise – a vécu agréablement dans ce lieu offrant une vue unique sur le fleuve, préservé de générations en générations. Je ne crois pas que ce bâtiment puisse un jour disparaitre.
[A.R.] En l’occurrence, on a fait de cette bâtisse un lieu très agréable et convivial, accessible aux Canadiens de tous les horizons. Point n’est besoin d’être riche pour séjourner ici, non plus d’être un membre de la famille Macdonald ou d’avoir quelque contact avec le Parti conservateur, rien de tout cela. En tout temps il est possible de faire une visite des lieux et d’entrevoir ce qu’a pu être la vie vers la fin du XIXe siècle.
[J.O.] Au niveau de la nature, évidemment si je regarde du côté du fleuve, je pense que les arbres ont poussé depuis. Peut-être que certains ont été coupés. La vue sur le fleuve, eh bien, le fleuve est toujours là, le fleuve. Par beau temps, les couchers de soleil ici… le National Geographic disait que dans la région, les couchers de soleil étaient les plus beaux après ceux d’Hawaï.
Photo couleur de Les Rochers vue de la rivière, zoom avant.
Photo couleur d’un coucher de soleil sur le fleuve Saint-Laurent vu de Les Rochers (2015).
[J.O.] La nature était sûrement… les oiseaux devaient venir chanter, devaient venir faire leurs nids dans les arbres derrière la maison.
Photo couleur d’un moineau à gorge blanche. Photo couleur d’un nid avec deux oeufs dedans.
[D.M.] Nous sommes reconnaissants envers l’Héritage canadien de Québec qui a fait de ce lieu un monument en l’honneur de l’un de nos grands dirigeants fondateurs et d’avoir su le préserver, de sorte qu’aujourd’hui, on a la possibilité de visiter cet endroit et de s’imprégner du quotidien de Macdonald. Pour cela, nous sommes très reconnaissants.
[A.R.] C’est épatant d’être entouré de gens pour qui cette région demeure un pôle d’attraction. Ce sont des familles qui vivent maintenant un peu partout dans le monde mais leur véritable ‟Home”, avec un grand ‟H”, c’est le Bas-Saint-Laurent. Leurs résidences à Montréal ont été vendues, leurs meubles et leurs tableaux ont été dispersés ça et là, leurs enfants et petits-enfants vivent aux quatre coins du monde et encore aujourd’hui, lorsqu’ils se réunissent en famille, c’est dans la région du Bas-Saint-Laurent. Cela confirme l’attrait indéfectible de ce lieu.
Séquence film couleur de paysages ruraux de la région; séquence film couleur d’un ciel nuageux.
[A.R.] Ces paysages étonnants qui semblent changer d’aspect toutes les quinze minutes. Le temps peut être à la fois ensoleillé et brumeux, puis soudainement, on aura droit à un magnifique coucher de soleil.
Séquence film d’un paysage agricole brumeux environnant.
[A.R.] L’interaction entre les anglophones et les protestants, entre les catholiques et les Canadiens français, entre la communauté locale, les fournisseurs et les agriculteurs; je crois que cela contribue à l’attrait de cette région qui offre ces possibilités d’échanges. Depuis plus d’un siècle, ces familles se connaissent et se côtoient. Même si elles ne créent pas toutes des liens d’amitié, elles s’intègrent et je crois que c’est l’une des raisons pour lesquelles les gens se sentent bien ici et décident de revenir. C’est parce qu’ils se sont enracinés.
Séquence film montrant une mouette et un corbeau sur une plage de Rivière-du-Loup; séquence film montrant un plan large d’arbres surplombant le fleuve, vus depuis Les Rochers (2017).
[A.R.] Ils ont développé un sentiment d’appartenance à cette région depuis leur naissance et ils y retournent tels les oiseaux qui reviennent au printemps et qui repartent à l’automne. C’est véritablement un modèle migratoire des plus dynamiques et des plus vivants!
Remerciements au générique de fermeture défilant à l’écran: Merci à : Gael Eakin, Desmond Morton, Jeannine Ouellet, Alexander Reford, au Musée McCord, à Bibliothèque et Archives Canada, au Musée du Bas-St-Laurent, à la Société d’histoire et de généalogie de Rivière-du-Loup, Mardjane Amin, Winnifred Molson, Cynthia Coristine, Ian Coristine, Phil Carter, Matthew Farfan.
Assistants à la production: Jacques Archambault, Julie Rouette Hope, Elisabeth Skelly. Pièce musicale de piano de Vivianne LaRivière.
Recherche, scénarisation, tournage et montage par Karen Molson pour l’Héritage canadien du Québec.