W.A. Goodwin : Adepte de la nature
Même si son travail exigeait qu’il soit à l’intérieur des chambres et salons de Lindsay pendant des heures, l’esprit de Goodwin désirait le grand air. Il savourait chaque opportunité de fuir le va-et-vient du centre urbain pour s’aventurer dans les coins inexplorés des comtés de Victoria et de Haliburton.
Pour des décennies, W.A. Goodwin a pagayé et fait du portage partout dans les lacs Kawartha. Les endroits les plus éloignés de la région n’étaient accessibles que par bateau. À l’âge de 69 ans, il a provisionné une petite flottille de canoës pour deux jours de trajet et s’est dirigé vers Miner’s Bay du lac Gull – environ 50 kilomètres au nord de son chalet sur le lac Sturgeon en Ontario centrale. En compagnie de ses fils et d’autres membres de sa famille, Goodwin a expliqué l’aventure en détails dans son journal intime:
« Nous nous levons avant le soleil. J’ai nagé dans le lac, j’ai tout rangé et mangé un bon déjeuner de gruau, rôties et oeufs à la française et nous sommes en route vers le nord avant 7h. Un vent de face est passé à l’est de l’île Delemayer et s’est installé sur l’Île Fire pour 20 minutes. Nous avons fait le portage à Coboconk à 9h30; on a envoyé des cartes à des amis chez nous et nous avons continué en amont jusqu’au lac Little Mud Turtle. »
– W.A. Goodwin, dans le Journal de Cherry Tree Lodge, 19 août 1909
De retour chez lui, Goodwin a remarqué que « …60 000 rondins de Carew allant d’Oxtongue à Lindsay bloquaient le canal menant à Big Mud Turtle » – un rappel que la terre et l’eau dont Goodwin tirait profit étaient aussi utilisées pour l’extraction de ressources naturelles.
Goodwin était végétarien affirmé; pourtant, il était aussi un chasseur fervent. Pour lui, la chasse représentait une autre façon d’apprécier la nature avec sa famille et ses amis. Plusieurs de ses dessins et tableaux datant du dernier trimestre du 19e siècle ont comme sujet les terrains de camping visités par lui et ses amis vers la fin de l’automne. Parmi ses amis étaient des citoyens prominents de Lindsay, tels que Dr. DeGrassi le coroner, et William Needler, un baron de meunerie.
Plus tard, le robuste Goodwin partageait sa passion pour le plein air avec ses petits-enfants, les emmenant en de longues promenades dans les bois, à la recherche de champignons sur lesquels peindre ou des fleurs sauvages pour décorer son chalet. Souvent, sa petite-fille Elsie l’accompagnait tôt le matin en canoë et Goodwin était toujours prêt à enseigner les bases du canotage aux jeunes.
« Après le dîner, notre visiteur de 15 ans de Pittsburgh avait hâte d’essayer son maillot de bain et un canoë. Je l’ai finalement laissé canoter tout seul dans notre plus léger canoë. En gardant la côte, il a fait une douzaine de trajets pour se familiariser avec le canoë et la pagaie et il est devenu très bon. »
– W.A. Goodwin, 1er août 1910