Billards électriques, salles de billard et feux rouges clignotants
Outre l’épicerie, les magasins de tissus et de mercerie, les restaurants et le cinéma, plusieurs autres petits commerces faisaient de la rue Main une zone prospère. Corey Sharpe se souvient que « la rue Main a toujours eu un petit quelque chose de spécial. C’était un endroit vraiment cool, vraiment différent. C’était super de grandir là, et surtout d’y traîner quand on était adolescent. C’était comme la chanson de John Prine, ‘Pinballs and pool halls and flashing red lights’ (Billards électriques, salles de billard et feux rouges clignotants). C’est comme s’il l’avait écrite pour la rue Main ».
Au fil des ans, la rue Main connut de nombreuses remorques à frites et salles de billard. John Connors décrit les gens qui faisaient des allers-retours entre les remorques à frites concurrentes :
« Il fallait décider lesquelles avaient les meilleures frites. Il y avait un type qui s’appelait Abe Land, il avait une petite remorque à frites et il faisait des frites ondulées. Il avait une sorte d’outil qu’il utilisait pour faire ces frites et on adorait s’acheter une platée de frites de temps en temps ».
Clip audio et transcription : Yvonne Courtney décrit la remorque à frites.
Alors que certains descendaient la rue Main en comparant les frites, des adolescents tapaient dans des balles de billard – ou essayaient juste d’entrer dans la salle de billard. Imelda Elson de Windsor rappelle que les femmes n’étaient pas autorisées à l’intérieur de la salle :
« Interdit aux filles. On cognait sur la porte, on ouvrait la porte et on essayait d’entrer, mais on n’avait pas le droit. On courait après les garçons et eux étaient tous là-dedans. Cette salle de billard était pas mal amusante quand même. Oh, c’était tellement propre. C’était un homme du nom de M. Brennen qui l’exploitait. Je me souviens encore des tables de billard et de tous ceux qui tapaient dans les balles. Non Monsieur, on n’avait pas le droit d’entrer ».
Mais la salle de billard était un endroit très fréquenté par les hommes et les garçons. Roy Oldford se souvient:
« À mon époque, il y avait une immense salle de billard en bas de la rue Main. C’était une salle de billard typique, comme on en voit sur la rue Bowery ou ailleurs à New York au centre de Manhattan. C’était un endroit dur, il y avait beaucoup de bagarres. Il y avait deux tables de billard français et environ huit ou neuf tables de billard américain, de 8 ball pool ou jeu du 8, comme on dit aujourd’hui. Étant enfants, on n’avait pas vraiment le droit d’entrer, mais on se faufilait parce que le jeu était tellement intéressant ».