Technologie de l’époque
En 1901, le signal transatlantique entendu par Marconi était révolutionnaire. Depuis lors, la technologie des communications s’est considérablement améliorée. Le concept de la radio comme moyen de communication semble archaïque à côté des téléphones cellulaires et des médias sociaux, mais pour mieux comprendre l’importance du travail de Marconi, il faut savoir comment les gens communiquaient à l’époque.
Avant 1901, le moyen de communication le plus courant était le courrier. Pendant des centaines d’années, il a même été le seul moyen de communiquer avec les gens se trouvant de l’autre côté de l’océan Atlantique. L’envoi d’une lettre faisait l’affaire, mais il fallait parfois des semaines, voire des mois, pour que le message arrive à destination. Et ce, à condition que le navire ait fait le voyage sans encombre. Si le bateau coulait ou si votre lettre était tellement détrempée qu’elle devenait illisible, il pouvait s’écouler des mois avant que vous ne l’appreniez. Il était donc nécessaire de mettre en place un système plus efficace et plus fiable.
La télégraphie
D’où l’invention de la télégraphie, qui est l’envoi et la réception d’un message sur une longue distance sans déplacement d’un objet physique. Parmi les premières formes de télégraphie, on peut citer les signaux de fumée, les signaux de feu et les signaux maritimes.
La télégraphie est encore utilisée aujourd’hui. Les messages textes, les courriels et les médias sociaux en sont autant d’exemples. Malheureusement, avant Marconi, aucune forme de télégraphie sans fil ne pouvait couvrir un océan entier. Mais un type de télégraphie le pouvait : celle qui utilisait un câble.
La télégraphie filaire (également appelée « télégraphie électrique ») utilise l’électricité pour envoyer des messages au moyen d’un câble. Le premier télégraphe filaire commercial a été fabriqué par Sir William Cooke et Sir Charles Wheatstone en 1837. Ce système reliait Londres et West Drayton, en les 21 kilomètres qui séparaient les deux sites constituaient à l’époque une distance record pour la télégraphie filaire. Ce qui rendait ce système si passionnant, ce n’était toutefois pas la distance parcourue par le signal, mais la rapidité avec laquelle le message était reçu. Une lettre pouvait mettre un jour ou plus pour parcourir cette distance, tandis que le télégraphe transmettait le message en quelques secondes.
Les réseaux télégraphiques
Dans les années 1850, de nombreux pays d’Europe et d’Amérique du Nord disposaient de réseaux télégraphiques filaires, mais les deux continents n’étaient toujours pas reliés l’un à l’autre. Le moyen le plus rapide d’obtenir des nouvelles de l’Europe vers le Canada continental était d’utiliser un navire qui quittait la Grande-Bretagne pour accoster à Halifax, puis de transmettre les nouvelles de cet endroit par télégraphie filaire.
Les organes de presse d’Amérique du Nord étaient prêts à débourser beaucoup d’argent pour de l’information, et ils étaient prêts à payer un supplément s’ils pouvaient l’obtenir plus rapidement. C’est à Frederick Gisborne, un ingénieur anglais, que l’on doit l’idée de relier Halifax et St. John’s (Terre-Neuve) par une ligne télégraphique. Il prévoyait de faire passer un câble sous la mer depuis Halifax jusqu’à la côte ouest de Terre-Neuve, puis jusqu’à St. John’s en traversant toute l’île. Ainsi, les bateaux pourraient s’arrêter à St. John’s et transmettre les nouvelles par télégrammes de là, faisant parvenir l’information sur le continent deux jours plus tôt que s’ils avaient accosté à Halifax.
L’Anglo-American Telegraph Company (AATC) fut chargée de concrétiser cette idée. Le gouvernement de Terre-Neuve a conclu un accord avec l’AATC, selon lequel l’AATC devait installer un câble terrestre de St. John’s à la côte ouest de l’île de Terre-Neuve, puis un câble sous-marin jusqu’à la Nouvelle-Écosse. En échange, l’AATC recevrait un monopole de 50 ans sur toute la télégraphie à Terre-Neuve. L’accord a été signé en 1854 et stipule que, jusqu’en 1904, seule l’AATC est autorisée à transmettre des messages télégraphiques sur l’île de Terre-Neuve.
Le câble transatlantique
Le prolongement du réseau câblé jusqu’à la ville la plus à l’est de l’Amérique du Nord – St. John’s – est une réalisation majeure, mais les progrès ne s’arrêtent pas là. En 1858, on tente pour la première fois de relier l’Europe et Terre-Neuve par câble sous-marin. Ce câble devait relier Valentia, en Irlande, à Bay Bulls, à Terre-Neuve.
L’Atlantic Telegraph Company (à ne pas confondre avec l’AATC) enroula le câble dans des tonneaux, chargea les tonneaux sur un navire et déroula lentement le câble sur le fond de l’océan. Le câble arriva sans encombre à Terre-Neuve, donnant lieu à d’importantes célébrations. Rappelons que seulement 20 ans auparavant, le record de distance pour la télégraphie filaire était de 21 kilomètres. Ce câble mesurait environ 3 000 kilomètres de long et était immergé à de grandes profondeurs : c’était révolutionnaire! On dit que le premier message à avoir traversé l’Atlantique était un message de félicitations de la reine Victoria d’Angleterre au président américain James Buchanan.
Malheureusement, le câble a cessé de fonctionner après seulement quelques semaines en raison de la mauvaise qualité des matériaux et de l’installation.
La Telegraph Construction and Maintenance Company fut la prochaine entreprise à faire une tentative, en 1865. Le câble s’est toutefois rompu alors que l’installation était rendue à mi-chemin de la traversée de l’Atlantique. Ils ont essayé de récupérer l’extrémité du câble, mais celui-ci s’est perdu dans l’océan.
En 1866, l’AATC tente sa chance et ses efforts portent leurs fruits. Elle réussit à poser un câble de Valentia, en Irlande, à Heart’s Content, à Terre-Neuve, qui fonctionnera pendant des années. Avant l’installation de ce câble, il fallait deux semaines pour que les nouvelles traversent l’Atlantique. Lorsque le câble de l’AATC a été mis en service, il ne fallait que deux minutes.