Stations canadiennes
De 1901 à 1904, le gouvernement du Canada engagea la CMC pour construire cinq stations à Terre-Neuve et au Labrador. Outre celle de Belle Isle, ces stations sont construites au cap Race, au cap Ray, à Point Amour et à Point Riche. Leur but premier était de communiquer avec le trafic maritime, et leur fonction secondaire était de connecter les radios sans fil (sur terre ou en mer) au réseau télégraphique câblé. Les navires et les localités éloignées pouvaient communiquer avec ces stations par radio, qui relayaient ensuite les messages par les lignes télégraphiques.
À cette époque, l’Anglo-American Telegraph Company (AATC) détenait encore le monopole de la télégraphie à Terre-Neuve. On ne sait pas pourquoi le gouvernement canadien a été autorisé à construire ces cinq stations. L’une des explications tient au fait que le Canada fournissait déjà des services à Terre-Neuve. Par exemple, la station du cap Ray a été annexée à un phare qui se trouvait sur le sol de Terre-Neuve, mais qui était exploité par le Canada. Une autre explication serait que l’AATC ne voulait pas intenter un procès au gouvernement d’un autre pays. Quoi qu’il en soit, l’AATC n’a pas interféré dans la construction de ces stations.
Cap Ray
La Maison de la Trinité de Québec était un organisme qui travaillait à rendre la navigation et le commerce plus sûrs le long du fleuve Saint-Laurent et dans le golfe du Saint-Laurent. Pour ce faire, elle construisit des phares. Le gouvernement de Terre-Neuve offrit au Canada une petite parcelle de terre au cap Ray à cette fin.
Ainsi, le gouvernement canadien construit un phare au cap Ray en 1871 et y ajoute un équipement de télégraphie sans fil en 1901. On ne sait pas exactement quand la station de télégraphie sans fil a commencé ses activités, mais elle ferma ses portes en 1922. La station de North Sydney, en Nouvelle-Écosse, reprit alors les responsabilités de la station du cap Ray, et son équipement télégraphique sans fil fut utilisé pour améliorer la station de Point Amour.
Point Riche
On ne sait pas grand-chose de la station de télégraphie sans fil de Point Riche. Ouverte en 1904, elle servait de premier point de contact pour les navires approchant le détroit de Belle Isle par le sud et l’ouest. Cette station a fermé ses portes en 1922 et son équipement fut envoyé à Point Amour. Il était courant à l’époque de fermer des stations et d’envoyer leur équipement pour améliorer une autre station. Au fur et à mesure que les radios se perfectionnaient, les stations pouvaient transmettre sur des distances de plus en plus longues. Par conséquent, Terre-Neuve et le Labrador avaient besoin de moins de stations et le gouvernement a donc commencé à en fermer certaines.
Point Amour
Comme pour Point Riche, on ne sait pas grand-chose de la station télégraphique sans fil de Point Amour. Elle a probablement été mise en service en 1904. Le gouvernement canadien construisit la station du côté du Labrador, à l’entrée ouest du détroit de Belle Isle. La station de Point Amour joua un rôle important en aidant les navires à franchir le passage étroit. C’est pourquoi elle a reçu des pièces provenant des stations fermées en 1922. Point Amour est restée en activité jusque dans les années 1960.
Cap Race
La station de télégraphie sans fil du cap Race est entrée en service le 17 novembre 1904. Elle avait l’une des plus longues portées de toutes les stations de la colonie. Lors de son ouverture, elle avait une portée de 300 à 500 kilomètres. En 1914, sa portée était passée à 800 kilomètres. Située à l’extrémité sud-est de Terre-Neuve, elle était le premier point de contact pour les navires se rendant en Nouvelle-Angleterre ou au Canada depuis l’Europe.
Les deux principales utilisations des stations de télégraphie sans fil étaient de communiquer avec les navires et de relayer les messages. Au printemps de 1912, ces deux rôles de la station du cap Race ont heureusement fonctionné à la perfection. Le 14 avril de cette année-là, le RMS Titanic heurta un iceberg près des Grands Bancs, à 630 kilomètres de la station du cap Race. Le RMS Carpathia reçut leur signal de détresse et se précipita sur les lieux.
La station du cap Race reçut également le signal de détresse. Les opérateurs radio Walter Gray, Jack Goodwin et Robert Hunston transmirent alors le message aux autorités maritimes et à d’autres personnes.
La station du cap Race a fait connaître au monde entier la grande tragédie. Grâce à ses interventions, le Quai 54 de New York a eu le temps de se doter de l’équipement nécessaire pour accueillir plus de 700 survivants et leur fournir des soins d’urgence. Une fois toutes les personnes retrouvées, plus de 1 500 figuraient sur la liste de celles qui n’avaient pas survécu. Pendant des semaines après la catastrophe, la station du cap Race a été inondée de messages demandant ce qui s’était passé.
Le 5 mai 1913, la station du cap Race est la proie des flammes. Toutefois, comme elle avait démontré son utilité, le CMC fait installer une station temporaire dans les deux jours qui suivent. La station permanente rouvre en moins de quatre mois. La station ferme ses portes en 1930 et est démantelée en 1965. La CMC se sert alors de son équipement pour moderniser une station de radiogoniométrie.