Les opérateurs des stations Marconi
Les stations de télégraphie sans fil de Terre-Neuve-et-Labrador ne sont plus opérationnelles aujourd’hui. Nombre d’entre elles ont depuis été démolies ou reconverties. Leur héritage se perpétue cependant par les histoires des hommes et des femmes qui ont assuré leur fonctionnement.
Le métier d’opérateur d’une station Marconi n’était pas si simple. Les opérateurs devaient être formés et obtenir des licences, ils travaillaient de longues heures ingrates et ils devaient parfois déménager et vivre en permanence dans une nouvelle communauté pour occuper un poste.
Non seulement cela, mais le travail s’accompagnait aussi d’une grande pression. Les opérateurs ne savaient jamais à quoi s’attendre lorsqu’ils recevaient un message. Il pouvait s’agir d’un bulletin météorologique, d’un message personnel ou d’un signal de détresse provenant d’un navire en train de couler avec des milliers de personnes à son bord. Quoi qu’il en soit, les opérateurs devaient être prêts. Si certains prenaient leur travail plus au sérieux que d’autres, il ne fait aucun doute que ces opérateurs assumaient une grande responsabilité au sein de leur communauté.
Cette page présente quelques détails sur certains des opérateurs et sur leur histoire.
Stan Brazill
Stan Brazill a dirigé la station télégraphique sans fil Marconi de Battle Harbour de 1912 à 1949. Il a animé une émission de radio intitulée « Brazill’s Broadcast », diffusée dans les années 1930 et 1940. Son émission était écoutée dans tout le Labrador, ce qui a valu à Stan le surnom de « roi du Labrador ». Il a consacré une si grande partie de sa vie à la radio que ses deux fils, Earl et Stanley junior, ont suivi ses traces et sont également devenus opérateurs de stations Marconi.
J.J. Collins
James J. Collins entre à la Canadian Marconi Company en 1904. Au cours de son emploi à la CMC, il sera responsable de pas moins de huit stations différentes dans l’Est du Canada et dans le Dominion de Terre-Neuve. En 1915, il devient directeur de la CMC à Terre-Neuve et au Labrador. Il participe à la construction des stations, à l’installation des appareils Marconi sur les navires et à l’inspection des différentes stations de Terre-Neuve et du Labrador. Il est également chargé de négocier avec le gouvernement de Terre-Neuve au nom de la CMC.
Joseph Butler
Joseph Butler a assuré le fonctionnement de la station de télégraphie sans fil de Makkovik, dans le nord du Labrador, après la Première Guerre mondiale. En 1932, il est engagé pour construire l’émetteur de la station de radio publique VONF (Voice of Newfoundland), qui appartient au gouvernement de Terre-Neuve. Après que le gouvernement a racheté toutes les autres stations de radio et s’est imposé comme la seule grande station de radio de Terre-Neuve, Butler cofonde VOCM (Voice of the Common Man) en 1936. La station VOCM a été créée pour lutter contre la prise de contrôle de la radio et donner une voix au grand public. Le gouvernement a également tenté d’acheter VOCM, mais Butler et ses collègues ont refusé, empêchant ainsi un monopole sur les médias publics. VOCM est toujours en activité aujourd’hui.
La famille Myrick
La famille Myrick du cap Race possède elle-même un certain héritage. Francis et Margaret Myrick ont commencé à exploiter le phare du cap Race en 1874, trente ans avant l’ajout d’une station de télégraphie sans fil. Plusieurs de leurs enfants sont devenus opérateurs de stations télégraphiques et, plus tard, opérateurs de stations télégraphiques sans fil. En fait, lorsque la station sans fil a été construite au cap Race en 1904, leur fils Edward J. Myrick a été l’un des premiers opérateurs à la faire fonctionner. John Myrick fut le chef opérateur de la station pendant la Première Guerre mondiale.
Les membres de la famille Myrick qui n’ont pas pu obtenir de poste à la station du cap Race ont alors dirigé d’autres stations ou se sont joints directement à la CMC (l’opérateur d’une station Marconi, James J. Collins, a épousé Margaret Myrick). Le bâtiment original de la station télégraphique sans fil du cap Race a été perdu au fil du temps, mais une réplique a été construite à proximité du site d’origine. Il s’agit d’un centre d’interprétation de la radio appelé à juste titre « The Myrick Wireless Interpretation Centre ».